Stephen Desberg: « La quête du Scorpion est celle d’un homme amoureux de sa liberté »

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Héritier de Zorro ou de Scaramouche, le Scorpion tient en haleine ses nombreux lecteurs grâce à une passionnante intrigue dans les arcanes du Vatican au XVIIIe siècle. Grâce à un scénario virevoltant et aux sublimes planches d’Enrico Marini, cette excellente série à très grand spectacle ravive la flamme des plus grands romans de cape et d’épée.

Est-ce que pendant l’écriture du premier tome du Scorpion, vous aviez le sentiment d’être en train de bâtir une histoire forte capable de plaire à un très large public?

Stephen Desberg: Après le succès de l’Étoile du Désert, nous avions envie de retravailler ensemble avec Enrico Marini. scorpion8.jpgEt nous avons pris le temps de réfléchir à des choses qui nous faisaient rêver. Nous nous retrouvions bien dans des univers de cape et d’épée, avec un héros dans la veine de Scaramouche ou de Moonfleet. Nous avions donc, dès le départ, le désir de créer une série grand public, mais avec quelques éléments plus sombres, plus complexes.

Quelles ont été vos sources d’inspiration?

S.D.: Enrico s’est beaucoup inspiré des gravures d’époque pour recréer cette Rome du XVIIIe siècle. Pour ma part, c’est une époque que je connais surtout par Voltaire et par Mozart. Pour les influences, on l’a dit ; les grands films hollywoodiens de cape et d’épée. Et plusieurs livres de chevet, comme « La résistance au christianisme » de Raoul Vaneigem, en ce qui concerne le contexte religieux.

Cette série de cape et d’épée dépasse le cadre du divertissement et trouve aussi un écho dans l’actualité avec notamment la montée de l’intégrisme…

S.D.:C’était important, car je ne voyais pas vraiment cette série comme un projet historique. La quête du Scorpion est surtout celle d’un homme passionnément amoureux de sa liberté, dans un contexte où il faut se battre de plus en plus pour garder son indépendance. Je crois qu’on peut facilement le comprendre aujourd’hui.

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Enrico Marini était le dessinateur idéal pour cette série à grand spectacle?

S.D.: Enrico est le dessinateur idéal pour beaucoup de projets. Mais celui-là n’aurait de toute façon pas existé ainsi sans lui. Tout simplement parce que ce sont nos personnages, et qu’ils vivent d’abord dans nos discussions, dans nos envies.
Graphiquement, Enrico avait esquissé le personnage, en partant de dessins plus anciens. Il a fait d’autres essais, mais c’était toujours ce Scorpion-là qui revenait et s’imposait avec une belle évidence.

Après un premier cycle centré sur l’existence de la croix de St-Pierre, quelle est la trame de ce deuxième cycle?

S.D.:Le Scorpion est revenu à Rome sans la croix de Pierre, qui lui aurait permis de destituer Trebaldi. Il va donc devoir y arriver autrement. Sa seule piste est un indice récolté en Terre Sainte : pour abattre Trebaldi, le Scorpion devra chercher du côté de sa mère. Donc, à Rome, le Scorpion va mener une enquête sur les circonstances de la mort de sa mère, et découvrir une réalité de plus en plus inquiétante. Dans ce deuxième cycle, d’autres personnages montent également en puissance. Le Scorpion n’est peut-être pas seul, face à Trebaldi.



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Est-ce qu’une adaptation cinématographique est envisagée?

S.D.:Quand il y a un projet audiovisuel, les choses ont un peu tendance à échapper aux auteurs. Je préfère, à ce stade, garder le plus de contrôle possible sur la destinée de nos personnages. Il y a un projet, oui ; mais à un stade embryonnaire.



Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne



« Le Scorpion » – Tome 8. « L’ombre de l’ange », par E. Marini & S. Desberg – Éditions Dargaud (10,40€).

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