VAGUE A LAME

A la fois poétique et tragique « Vague à lame » emporte le lecteur quelque part entre les mondes réel et iréel.

Les histoires du vieux Marcel sont passionnantes. Et pas seulement pour les fraises Tagada qu’il offre à Momo et Lisa à chaque visite. Alors quand les deux gamins découvrent un terrain vague derrière la boucherie, le vieux Marcel leur raconte une histoire surgie du passé: celle de deux jeunes Manouches amoureux, Angélique et Ascaso; celle d’ouvriers et gitans qui tentent de conserver un terrain malgré des magouilles politico-financières; celle enfin de ce site protégé par une malédiction jetée par une diseuse de bonne aventure.

Après « Des méduses plein la tête » et « Ciao Pékin », Pécherot et Pourquié reprennent les crayons pour une chronique urbaine singulière. Parce qu’au début on ne sait pas vraiment ce qui dans les histoires de Marcel relève de ses souvenirs et de son imagination et parce que le dessin de Pourquié a cet air rétro si attachant, « Vague à lame » est empreint d’une grande poésie. Roulottes, chevaux, musique tzigane et belle gitane, l’atmosphère invite à la nostalgie d’autant que les teintes employées accentuent encore ce côté irréel.

Pourtant, « Vague à lame » est bien une tragédie, aussi bien dans le passé que dans le présent (on glisse d’ailleurs de l’un à l’autre avec aisance). Pathétique fut le destin d’Angélique et Ascaso. Pathétique aussi est celui du vieux Marcel et de la petite Lisa. Au fil des pages, la poésie laisse la place à une réalité plus crue, de plus en plus sombre. Le récit s’accélère, les rebondissements s’enchaînent. Et jusqu’à la dernière page, Pécherot parvient à garder intact l’intérêt du lecteur.
Avec ce one-shot, le duo Pécherot-Pourquié signe encore un très bel album.

Casterman

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