VACANCES AU BLED

Des petits-enfants d’immigrés reviennent en Algérie le temps des vacances. Un retour aux sources qui donne un aperçu du décalage croissant des jeunes Français d’origine algérienne avec les blédards.

Pour Férouze, Sélim, Nesrine ou Sabrina, les vacances d’été sont synonymes de retour au bled. Ces petits-enfants d’immigrés qui ne se fréquentent pas vraiment en France se retrouvent à cette occasion dans la même ville en Algérie. Leur objectif est différent – habitude familiale, détente à pas cher entre copains, quête des racines – mais ils ont un point commun: ils arrivent dans un pays dans lequel ils se sentent de plus en plus étrangers, au milieu de coutumes qu’ils n’ont pas.

La collection Sociorama de Casterman qui adapte en fiction dessinée des enquêtes sociologiques de terrain donne cette fois la parole à Jennifer Bidet, maître de conférence à l’université Paris-Descartes et chercheuse en sociologie dont le sujet de thèse était les migrations économiques et familiales entre l’Algérie et la France. Le temps d’un été et de 168 pages au trait simple en noir et blanc de Singeon (« Bienvenue » avec Marguerite Abouet), « Vacances au bled » fait donc se côtoyer les « immigrés » et les « blédards ». On se rend compte de la place ambiguë des premiers, se sentant étrangers dans les deux pays, vivant modestement en France mais considérés comme des riches au bled, ne comprenant pas la langue et ayant en tant que femme une position à tenir. Le regard qu’ont sur eux les membres des classes supérieures algériennes est également assez dur. « Vacances au bled » est trop court pour approfondir toutes ces questions mais permet de les toucher du doigt.

Dessinateur : Singeon – Scénariste : Jennifer Bidet – Editeur : Casterman, collection Sociorama – Prix : 12 euros.

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