UNE CASE EN MOINS – La dépression, Michel-Ange et moi

A 30 ans, Ellen apprend qu’elle est bipolaire chronique. Récit autobiographique d’un cheminement vers la guérison après l’acceptation de sa maladie. Un album instructif d’une évidente qualité narrative.

Un artiste est-il fou, un fou est-il artiste? Au vu de l’imposante liste des peintres, poètes et écrivains atteints d’un syndrome bipolaire (ou présumés comme tels), on peut se poser la question. D’ailleurs c’est aussi celle que se pose Ellen Forney, dessinatrice américaine d’à peine 30 ans, elle-même diagnostiquée bipolaire chronique.

Sélectionné dans la liste des best-sellers du New York Times, « Une case en moins » est le journal de bord de la jeune femme, de l’acceptation de la maladie (aux périodes d’euphorie créatrice succèdent celles de dépression) à la « stabilisation » en passant par les séances de psy, les essais de traitements médicamenteux, le yoga et l’exercice de la bande dessinée comme forme de thérapie.

Diplômée en psychologie et professeur de BD au Cornish College of Arts à Seattle, Ellen Forney traîne avec elle un bon bagage. Sur la forme, l’album de 256 pages fourmille de techniques inventives pour nous décrire son quotidien hors norme: listes, tableaux, schémas et esquisses sont là pour expliquer au lecteur la complexité de la maladie. Dans ses périodes d’euphorie, le cerveau d’Ellen est comme en ébullition, des dizaines d’idées s’échappant à la minute. Les planches partent alors aussi dans tous les sens. Bien sûr, ce roman graphique a un côté redondant mais c’est aussi le propre de la maladie de resurgir à intervalles réguliers. Sur le fond, le propos est à la fois touchant et plein d’autodérision. « Une case en moins » est donc un album instructif d’une qualité narrative incontestable. Ellen Forney a été nominée à deux reprises aux prestigieux Eisner Awards (« I Love Led Zeppelin », « I was seven in ’75 »).

Dessin et scénario : Ellen Forney – Editeur : Delcourt, collection Outsider – Prix : 15 euros.

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