TROIS OMBRES

Une famille qui voit son bonheur menacé par l’apparition de trois ombres, un père prêt à tout pour sauver son fils. Un conte fantastique sur la mort poétique et émouvant.

Trois ombres, trois cavaliers perchés sur la colline en face de la petite ferme isolée où vivent Joachim et ses parents. Qui sont-ils? Que veulent-ils? Jour après jour, ils sont là, silencieux, se rapprochent même inexorablement… jusqu’au jour où, Louis, le père de Joachim, décide de s’enfuir avec son fils loin, très loin par delà le grand fleuve.

C’est par le biais du conte fantastique que Cyril Pedrosa (« Les coeurs solitaires ») a choisi de traiter d’un sujet difficile: la mort d’un enfant. Car ces ombres, qui ne ressemblent pourtant pas à la faucheuse traditionnelle, ont bel et bien pour mission de venir chercher le petit bonhomme. L’idée est venue à l’auteur lorsque des amis à lui ont perdu leur petit garçon: « J’avoue avoir beaucoup songé à la réaction que chacun peut avoir face à la perte des siens. Puis un jour, m’est apparue une image très forte, celle d’un père à taille de géant qui protège son fils en l’enfermant dans son énorme poing ».

De cette image est naît « Trois ombres », un pavé de près de 300 pages, tantôt combatif tantôt résigné, tantôt joyeux tantôt abattu, qui se lit d’une traite, le coeur un peu serré. Un sentiment renforcé par le dessin rond au pinceau ou au stylo à bille et les planches en noir et blanc qui s’assombrissent ou s’éclaircissent selon l’intensité des événements.

Sans tomber dans le mélo, Pedrosa nous montre ainsi la vaine course contre la mort à laquelle on ne peut échapper. Car, et ce pourrait être la morale de cette histoire, il nous faut juste admettre que la vie est une alternance de drames et de bonheurs, bref « tenir debout » et « rester du côté des vivants ».

Delcourt

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