TOKYO – Tome 1

Une jeune femme indépendante et farouche vit sur une île irradiée. Un album fourre-tout et imbitable au scénario sans queue ni tête.

Quelle mouche aux pouvoirs hallucinatoires a bien pu piquer Sfar? Dans « Tokyo », il est question d’une jeune fille aux cheveux rouges nommée comme la capitale nippone et qui vit sur un atoll du Pacifique irradié, de félins musiciens, d’une banane génétiquement modifiée au corps dédié au plaisir, de créatures aquatiques, d’un homme écorché vif parce qu’il n’était pas assez performant sexuellement et même d’un certain Grand Vampire… Un histoire inracontable et un univers inventé « pour puiser dans la violence régressive et décomplexée des comix amerloques et des peurs japonaises », selon les propres mots de l’auteur. Bref, « un comic-book totalement écervelé et détaché du réel », rajoute-t-il…

De ce point de vue, Sfar respecte son objectif et c’est tête la première qu’il plonge dans un monde totalement absurde. Résultat, il ne lui faut que quelques pages pour semer le lecteur et sans doute lui même avec. Mais dans « Tokyo », il y en a 104… Et 104 pages c’est long, très long quand on est perdu au milieu d’images sans queue ni tête (mais avec beaucoup de seins!), s’enfonçant impuissant dans des planches saturées et cherchant désespérément à se raccrocher à une ébauche de scénario qu’on aimerait voir comme un road-movie violent, sexy et trash.

En réalité au bout du compte « Tokyo » donne l’impression d’être un carnet de dessins personnel sur lequel Sfar aurait jeté pêle-mêle ses idées et ses expériences graphiques (avec par exemple l’insertion de photos d’actrices façon roman-photo) et s’épancherait sur son travail de création. Un défouloir halluciné en somme. Pourquoi pas. Mais quand on a en tête « Le Chat du Rabbin », « Petit vampire » , « Klezmer » voire même le léger « Les lumières de la France » et qu’on s’attend à découvrir une vraie histoire (prévue en deux tomes qui plus est), la déception est immense.

Dargaud

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