SPIRALE -Tome 3

Un manga d’horreur qui laisse l’estomac noué. Une réussite.

Ceux qui pensent que l’horreur ne peut pas se décliner en manga, ont tort. Le genre est peu connu en France mais « Spirale » en est un exemple particulièrement réussi.

La spirale… une forme géométrique qui va causer la perte de Kurouzou, une petite ville de campagne japonaise en apparence bien tranquille. Pour une raison inconnue, ses habitants conçoivent une obsession maladive pour la spirale, toutes les formes spirales où qu’elles puissent se trouver. Cette obsession les entraîne de la folie au meurtre jusqu’à la dégénérescence ou la mort. Le lecteur suit une jeune lycéenne, Kirie, à travers cette descente aux enfers.

Dans ce troisième et dernier tome, la petite cité est soumise aux tornades qui naissent du moindre mouvement brusque d’une personne. Tous les survivants s’entassent donc dans les seuls bâtiments résistants aux vents violents: étrangement, de vieilles baraques en bois datant de l’ère Meiji.

La grande force de ce manga réside dans l’atmosphère qui s’en dégage. Ici, pas d’effets gore à outrance à grands renforts de zombies et autres massacres à la tronçonneuse. Junji Ito parvient à créer un sentiment de malaise qui grandit au fur et à mesure jusqu’à devenir une profonde angoisse. Le lecteur, comme Kirie et les autres habitants, assiste impuissant aux événements. Rien dans ce qui arrive ne s’explique. Plus de logique, plus de repères, plus de raison…

Le dessin réaliste et très fouillé participe de cette ambiance. La forme géométrique est présente dans la plupart des cases jusque dans les arbres ou les herbes. La vision des visages -exprimant parfaitement la folie, la douleur ou la terreur – rivalise avec celle des corps enchevêtrés, disloqués, déformés. Car la spirale s’insinue partout, jusque dans les corps des hommes qu’elle façonne à son image – tels de vulgaires jouets en pâte à modeler- ou qu’elle se plaît à transformer en grotesques colimaçons baveux.
Comme dans une spirale, le lecteur lui aussi est pris par l’histoire. Ce n’est qu’à la dernière page qu’il parvient à lever les yeux, l’estomac encore noué. Et même une fois le livre refermé, certaines images restent gravées dans la mémoire. Bref, on aime ou l’on n’aime pas mais « Spirale » ne peut pas laisser indifférent.

Comme la plupart des mangas de Junji Ito, « Spirale » a été adapté au cinéma sous le titre « Uzumaki ».

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