RED ANGELS

Portraits de trois prostituées dans la Chine des années 90 par le propriétaire de leur immeuble. Une vision très crue et très dure de la société. Saisissant sans être racoleur.

Elles sont trois. Trois prostituées dans la Chine des années 90. La première, A Ping, est mariée à un homme très violent qui dépense au mah-jong tout ce qu’elle gagne ; la deuxième, Soeur Tang, est une quadragénaire au physique disgracieux qui tente malgré tout de payer des études à ses filles en tapinant ; la troisième, Xio Lan, est une jeune campagnarde débutante qui compte gagner beaucoup d’argent, trouver un mari et s’installer dans un endroit où on ne la connaît pas. Le propriétaire d’un immeuble dans lequel elles vivent raconte leur histoire.

Basé sur une réalité sordide, « Red Angels » n’a rien d’un conte de fées. Filles fracassées, souteneurs tyranniques et clients louches, ce récit particulièrement cru sonne juste. Il faut dire que le manhua est parfaitement documenté car adapté du propre livre de Li Yaosha sur les problèmes sociaux en Chine, « Dix ans d’investigations secrètes ». Très dur et très violent, « Red Angels » traite donc de prostitution bien sûr, mais aussi de drogue, d’apparition du sida et de réaménagements urbains en Chine. Il évite pourtant de sombrer dans le pessimisme le plus noir. Cette petite lueur d’espoir, Li Yaosha nous l’offre en fin d’album, mais le travail de Seven y est aussi pour beaucoup. Le jeune dessinateur chinois – qui signe ici sa première œuvre – réussit en effet à décrire la violence et la noirceur de la société chinoise, tout en gardant un petit côté décalé, loin du réalisme attendu, grâce à ses personnages aux traits singuliers et une colorisation quasi poétique.

Dessinateur : Seven – Scénariste: Li Yaosha – Editeur : Urban China – Prix : 15 euros.

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