POUR UN PEU DE BONHEUR – Tome 1. Félix

Le retour d’une « Gueule cassée » dans son village natal des Pyrénées à la fin de la Première guerre mondiale. Un récit sensible autour des séquelles du conflit.

Printemps 1919. Après six ans d’absence et la moitié du visage arrachée par un obus, Félix Castelan revient dans son village natal des Pyrénées auprès de sa femmes et de son jeune fils qu’il n’a pas vu grandir. Au même moment, les bêtes des paysans du coin sont abattues par un mystérieux tueur.

La Première Guerre mondiale. Les tranchées. Les Poilus. Le sujet a maintes fois été traité mais Galandon et Daniel Alexandre, alias A.Dan (« Tahia el Djazaïr »), ont choisi de le faire de manière indirecte, avec le retour du front de ces soldats à la fin du conflit. Les traumatismes psychologiques et physiques, voilà en effet le thème de cette histoire en deux tomes, traité avec pudeur et sans voyeurisme, soutenu par le trait réaliste et sobre de Dan. Bien sûr, tous les « clichés » sont présents (les commères du village, les gamins curieux, le curé trop lourd à force d’être aimable, l’épouse choquée, etc) mais ils servent à dresser le portrait type d’une France rurale qui a du mal à accepter la différence – 500.000 poilus ont été blessés au visage durant cette guerre – et à montrer le fossé entre le quotidien de ces gens là et celui des Poilus montés au front. Comment ne pas se sentir étranger parmi les siens lorsqu’on a vécu de telles horreurs impossibles à partager? Le bonheur est-il encore possible?

Si pour le moment, la « réinsertion » de Félix dans la société et son foyer et la série de meurtres d’animaux mystérieux sont deux histoires différentes et qu’on ne peut encore rapprocher, le 2e tome devrait les voir s’entremêler davantage d’autant que le policier parisien envoyé pour mener l’enquête a lui même laissé un bras dans les tranchées de Verdun.

Cette première édition s’accompagne d’un intéressant cahier de huit pages consacré à la chirurgie maxillo-faciale pendant la Grande guerre et réalisé avec le concours du Service Santé des Armées.

– Lire notre interview de Laurent Galandon

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