PERSONNE NE ME FERA DE MAL

Tableau en 19 nouvelles d’une condition humaine qui court à sa propre perte. Déstabilisant mais intelligent.

« Giacomo Monti est un auteur génial et son livre est beau. Il est allé plus loin que moi et a eu des intuitions sur l’Italie contemporaine qui sont parfaites pour construire une histoire » expliquait Gippi lors de la présentation de son film à la Mostra de Venise l’an dernier. « L’ultimo terrestre » (« Le dernier terrien ») est en effet inspiré de « Personne ne me fera de mal » publié cet été chez Rackham.

L’album raconte, à travers 19 nouvelles – quelques minutes ou quelques heures dans la vie de gens ordinaires dans une ville italienne de province quelconque. Ils sont serveurs, paparazzis, prostituées, transsexuels, etc. Leur vie n’est que médiocrité, solitude ou peur de ce qui est étranger. Pour preuve ces tranches de vie racontées avec un profond détachement et sans aucune sensibilité: un homme va voir une prostituée; un autre ramasse un chat mort devant chez lui; un employé nettoie la cuvette sale des toilettes où il travaille…

Si on se demande d’abord où Monti veut nous amener à travers ces non-évènements sans lien apparent et dessinés d’un trait sec sans fioritures, l’intention du dessinateur italien se dévoile peu à peu: c’est un regard pessimiste et sans concession qu’il porte sur cette société contemporaine débordant de misère morale et d’égoïsme. A tel point que lorsque les extraterrestres débarquent soudain, personne n’est là pour sauver l’humanité… Un album surprenant, austère mais au propos très intéressant.

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