PASSION

Dessinateur fauché, Antonio devient détective privé le temps d’une mission. L’album ressemble à un polar, c’est en réalité une ode au boléro et à la passion. C’est beau et envoûtant mais on reste un peu sur notre faim.

La BD, ca ne nourrit pas toujours son homme, Antonio est bien placé pour le savoir. Alors quand le père Martin lui propose une rondelette somme d’argent pour retrouver deux antiques saints en bois dérobés dans l’église, il accepte immédiatement. Au coeur des soupçons se trouve un antiquaire surnommé «La Marquise» qui fréquente assidûment un cabaret, «le Passion».

La chaleur ibérique, la musique, la passion… Santos de Veracruz et Jorge Zentner avait donné corps au flamenco dans un album du même nom paru chez Casterman en 2002, une histoire d’amour passionnelle entre une gitane et un chanteur de flamenco. On y entendait presque claquer les talons, voleter les jupons et gratter les cordes de la guitare.

Avec « Passion », les auteurs plongent sans retenue dans le boléro et c’est comme si l’on percevait la voix rauque et triste de la chanteuse raconter ses peines amoureuses et son désespoir. Les paroles emplissent les cases de leur tristesse (en français dans les bulles et en espagnol en bas de page), les visages expressionnistes, les couleurs chaudes et saturées de rouge évoquent l’Espagne et les tempéraments latinos. Tout est dans l’atmosphère, on s’y croirait.

On a du mal à croire en revanche au dénouement concernant le vol des reliques. Peu à peu en effet, on se rend compte que ce vol n’est qu’un prétexte pour dresser le portrait de personnages originaux et pour illustrer, comme dans « Flamenco », la passion qui conduit au besoin de tuer l’objet de ses désirs. Du coup, l’enquête d’Antonio n’avance pas et l’affaire finit par être expédiée en quelques cases à la fin de l’album sans que l’on comprenne bien le pourquoi du comment. Dommage, « Passion » aurait pu être envoûtant jusqu’au bout, là la magie retombe un peu.

Casterman

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