PANDEMONIUM – Tome 1. Les collines de Waverly

Mi-fantastique, mi-épouvante, un récit très efficace autour d’une petite fille qui entre dans un bien étrange établissement pour tuberculeux.

Bienvenue au Waverly Hills Sanatorium, l’antichambre de la mort. Nous sommes en 1951 et la petite Cora atteinte de tuberculose arrive dans l’un des établissements américains les plus réputés du moment pour s’y faire soigner. Sa mère, ancienne patiente elle-même, parvient à se faire engager comme infirmière pour payer la cure. Mais rapidement, Cora a des visions morbides qui s’accentuent au fil des jours passés dans ce lieu très étrange.

Christophe Bec (« Sanctuaire », « Le temps des loups ») n’aurait pu choisir meilleur cadre à son histoire: situé dans l’Etat du Kentucky aux États-Unis, le Waverly Hills Sanatorium a réellement existé. Entre 1926 et 1960, plus de 63.000 personnes y ont trouvé la mort mais la tuberculose ne serait pas la seule cause de cette mortalité. En fait, très peu de patients survivaient aux expériences et thoracoplasties (les côtes sont sciées pour permettre aux poumons de se dilater) qu’on pratiquait sur eux. Pour plus de discrétion, les morts étaient évacués la nuit de l’hôpital par un tunnel de 150m de long, appelé « le tunnel de la mort ». Après sa fermeture dans les années 60, toutes sortes de faits mystérieux ont été racontés par ceux qui ont visité le sanatorium : apparition d’ombres dans les couloirs, de visages sur les photos développées, bruits de chuchotements et de portes qui claquent… Bref, un endroit tout à fait charmant qui fait froid dans le dos à sa seule évocation.

Mais pour réaliser une bonne bande dessinée d’épouvante capable de faire frissonner le lecteur, il y a aussi des ingrédients indispensables – quoique classiques – que n’a pas renié le scénariste accompagné du dessinateur italien Stefano Raffaele (« Fragile ») et de la coloriste Marie-Paule Alluard: un bâtiment à l’architecture oppressante dont il est interdit de sortir par peur de la contagion; un graphisme réaliste, des teints cireux et des yeux expressifs; des médecins au sourire sadique parlant d’électrochocs et de trépanation comme s’ils posaient un simple garrot; et bien sûr des visions sanglantes et quelques fantômes (des ombres, des silhouettes dans l’embrasure d’une fenêtre par exemple).

Une fois encore, le principe de la maison hantée fonctionne à plein. Si on y ajoute la mise en scène dynamique et efficace (gros plans sur les visages ou les portes, contre plongées, cases sans bulle, etc) qui nous fait entrer tout de suite dans l’intrigue, « Pandemonium » s’annonce d’ores et déjà comme une grande série du genre.

Un des nombreux sites internet traitant du Waverly Hills Sanatorium

Les Humanoïdes Associés

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