OKIYA – La maison des plaisirs défendus

Un samouraï errant est invité par des geishas à passer une nuit de plaisir auprès d’elles. Le lendemain la maison a disparu. Des scènes érotiques et un récit sympathique mais qui aurait gagné en profondeur.

« Pour public averti ». L’autocollant apposé sur la couverture donne le ton au cas où la vue des quatre jeunes femmes dénudées ne vous avait pas déjà mis la puce à l’oreille: « Okiya » est un one-shot à forte connotation érotique. Nous sommes en plein Japon médiéval et le samouraï Yasunari débarque dans un village où il cherche en vain l’hospitalité. Contraint de dormir dehors, il est pourtant réveillé en pleine nuit par une jeune fille qui lui propose de l’accueillir au sein de l’okiya, une maison où les geishas vivent et sont formées.

Sur la soixantaine de pages que compte l’album, une quinzaine décrit des scènes dénudées. Les corps fins et gracieux se caressent, s’entrelacent mais pas de quoi crier à l’atteinte aux bonnes moeurs. Le dessin comme les dialogues restent finalement assez softs. On est loin des petites histoires de « Trouble-fêtes » signées Loisel et son épouse, beaucoup plus crues. L’objectif affiché était de mettre en images une série de fantasmes et d' »exciter » le lecteur.

Ici, on ne sait pas trop sur quel pied danser. D’un côté, il ne s’agit pas de faire du lecteur un simple voyeur puisqu’il y a finalement peu à voir et que « Okiya » veut aussi traiter de plusieurs thèmes importants (l’amour, la jalousie, le pêché, lla lâcheté des hommes…): après les scènes avec les geishas, on suit Yasunari qui cherche à comprendre ce qui lui est arrivé car l’okiya qu’il venait de quitter après une nuit des plus délicieuses, a tout bonnement disparu et les villageois le scrutent désormais d’un sale oeil. De l’autre, les scènes érotiques se révèlent un peu trop longues tandis que le propos et l’aspect psychologique des personnages manquent de profondeur.

Reste que la peinture du Japon médiéval mâtiné de fantastique et de l’univers des geishas est agréable d’autant que l’on sent bien que les auteurs sont parfaitement à l’aise. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Jung Hénin prend pour cadre le Japon à cette époque (« Kwaïdan ») ni qu’il collabore avec son épouse Jee-Yun Thot (« La Danseuse du temps »).

Delcourt

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