MORRO BAY

L’enquête de deux adolescentes sur le passé de leur prof de gym, sur fond d’homosexualité féminine. Une intrigue agréable mais l’ensemble est décidément trop aguicheur.

A Morro Bay, petite ville côtière américaine, la vie s’écoule paisiblement. Trop en sans doute pour Eva et sa camarade Tracy qui décident d’enquêter sur le mystérieux passé de leur prof de gym, miss Scott. Mary, la jeune soeur d’Eva, semble d’ailleurs en savoir bien long sur le sujet…

C’est une bien drôle d’histoire que nous content ici Boccar (« Trois vierges » chez Glénat) et Cornette (« Red River Hôtel »). Un récit qui pendant une grande partie de l’album surfe sur le thème de l’homosexualité féminine, évoque l’éducation puritaine et rigide que tente d’inculquer le père d’Eva à ses filles et le trouble d’un professeur homme pour sa jeune et jolie élève.
Tout cela n’est pas inintéressant, au contraire. L’atmosphère un peu étouffante de cette petite ville de province est bien rendue, le côté étrange et angoissant de la jeune Mary aussi. Et malgré quelques invraisemblances comme l’âge de Mary justement, censée avoir 15 ans mais en paraissant 10 ou 11 tout au plus, l’histoire se tient.

Mais on se demande quand même où tout cela peut bien nous mener. Et finalement on est un peu déçu. Pas par le surprenant dénouement qui – rassurez-vous, on ne vous révèlera pas la fin! – tourne au fantastique et parvient à nous surprendre. Non, ce qui gêne au bout du compte c’est que le thème de l’amitiés amoureuse entre les deux adolescentes Eva et Tracy, récurrent dans tout l’album, n’a pas de rapport avec l’intrigue. La couverture est elle-même très aguicheuse. Le dossier de presse en présentait pourtant une première nettement plus classique mais plus en rapport avec le coeur de l’histoire.

Quant au graphisme, il n’est pas toujours régulier mais reste agréable. En revanche, les couleurs, à dominantes rose et bleue, donnent un côté très contemporain à l’album mais risquent d’être rédhibitoires pour pas mal de lecteurs.

Casterman

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