MISTER PRESIDENT

Il est le représentant de la plus grande puissance mondiale, il lui suffit d’appuyer sur un bouton pour lancer des missiles sur n’importe quel pays et pourtant il est con comme un balai, c’est « Mister Président ». Portrait corrosif d’un chef d’Etat qui ne dit pas son nom…

Même si l’issue du scrutin a finalement été sans surprise, la campagne pour l’élection présidentielle américaine 2004 aura passionné le monde entier. De quoi aussi donner des idées à l’auteur de « Thérapies en vrac », « P.38 et bas nylon », « pendant les travaux, l’exposition continue » ou « Cosa Nostra » qui nous dresse, au travers d’une dizaine d’histoires courtes, un portrait au vitriol de l’homme le plus puissant au monde et d’une Amérique conservatrice, infantile et persuadée de son bon droit.

Avec « Mister Président », bienvenue donc dans « un pays enchanté et merveilleux, paradis de la libre entreprise et du poulet aux additifs transgéniques ». Un pays à la tête duquel trône un petit bonhomme « élu démocratiquement par les Pdg des compagnies pétrolières » et manipulé par des conseillers dévoués mais sans scrupules. Un président incompétent, bête comme une poule, qui s’achète des mines anti-personnel comme d’autres des bonbons, qui croit que Superman et Captain America existent vraiment, qui hait les musulmans et les Portoricains et qui cache ses erreurs en organisant des guerres et d’attentats.

Tout ceci vous fait penser à Bush et vous n’avez certainement pas tort (bien qu’il y ait un peu de Clinton aussi dans ce portrait…). Le ton est décapant à souhait et Clarke se sert aussi bien de la culture populaire américaine (les héros de Walt Disney, Captain América, Super Patriot ou Ronald Mac Donald’s) que de son histoire (le maccarthysme, l’affaire Lechzswinsky, les attentats du 11 septembre, etc).

Les gags sont parfois un peu faciles et les ficelles évidemment énormes mais elles contiennent ça et là quelques vérités qu’on ne manque pas de repérer. Et puis Mister Président nous livre aussi un scoop en quittant la Maison Blanche: des bulletins de vote de Floride au nom de son adversaire sont cachés sous la commode du bureau ovale… Mais tout ceci n’est bien sûr qu’une fiction… D’ailleurs, le vrai Bush, lui, na pas démissionné et siège toujours à la Maison Blanche!

Alors si sa réélection vous a mis hors de vous, « Mister Président » aura un petit goût réconfortant de vengeance.

Dessin et scénario : Clarke – Editeur : Le Lombard, collection Troisième Degré – Prix : 9,45 euros.

Le Lombard

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