MINIK

En 1898, plusieurs Inuits débarquent à New York, amenés par un explorateur. La tragique histoire du petit Minik dans un monde qui n’est pas le sien. Une histoire vraie joliment mise en image.

Si vous avez lu « Groenland Manhattan » (Chloé Cruchaudet) paru chez Delcourt cet hiver, le nom de Minik ne vous est pas étranger. Hippolyte et Marazano signent une nouvelle adaptation de cette histoire vraie de la fin du XIXe siècle: de retour d’une énième expédition en Antarctique, l’Américain Peary amène avec lui une poignée d’Esquimaux polaires, dont le jeune Minik et son père Qisuk. Mais en quelques mois, la maladie les décime et ne reste plus que l’enfant que William Wallace du musée de New York recueille.

Cet album est la preuve – s’il la fallait – qu’à partir d’un même récit on peut avoir une foule d’adaptations différentes. Les différences entre celles de Chloé Cruchaudet et du duo d’auteurs sont notables (de la personnalité de Peary à la triste fin du héros) mais toutes deux sont encore distinctes de la version littéraire de Kenn Harper (1), un jeune instituteur canadien parti sur les traces de Minik dans les années 1970: les problèmes judiciaires et économiques de Wallace, les véritables circonstances dans lesquelles Minik découvre que son père est exposé au musée d’histoire naturelle, de nombreux passages ont été évidemment occultés, par choix et/ou souci de synthèse. C’est toujours un peu frustrant lorsqu’on a lu le livre mais ce one-shot reste cohérent.

Comme il est cependant difficile de ne pas comparer les deux bandes dessinées, on remarquera qu’Hippolyte et Marazano ont choisi un « Minik » plus dur, moins drôle et surtout plus évasif sur le mal-être de l’Esquimau (pris entre deux cultures) de Cruchaudet. Quant au graphisme, les deux albums développent bien sûr un style propre très réussi, privilégiant néanmoins les crayonnés.

A noter qu’une édition spéciale de « Minik » d’Hippolyte et Marazano est disponible en tirage limité (18 euros). Présentée sous jaquette, elle est enrichie d’illustrations en couleurs.

(1) « Minik l’Esquimau déraciné » de Kenn Harper, collection Terre Humaine/ Poche, Plon. De nombreux récits ont circulé sur le jeune Inuit, dus d’une part à la verve des journalistes de l’époque mais également aux propres affabulations de Minik. Tout en les portant à la connaissance du lecteur, l’ouvrage s’appuie sur des éléments concrets, glanés au cours de son enquête. Passionnant!

Dupuis
GROENLAND MANHATTAN

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