MAUVAIS GENRE

Un déserteur de la Grande Guerre se travestit pour échapper au peloton d’exécution. Un stratagème astucieux mais qui va faire basculer son couple vers un destin hors-norme. Une réussite.

Fascinante histoire que celle de Paul Grappe – alias Suzanne Landgard – et sa femme Louise. Tiré d’un essai de Fabrice Virgili et Danièle Voldman (« La garçonne et l’assassin », Payot), lui-même inspiré d’évènements réels, « Mauvais genre » raconte comment Paul, déserteur pendant la Premier Guerre mondiale, se cache pendant dix ans des autorités en se travestissant en femme grâce à la complicité de son épouse.

On se souvient des planches de Chloé Cruchaudet sur « Groenland Manhattan », l’histoire vraie de Minik l’Esquimau. Des dessins proches du crayonné et une mise en couleur originale que l’on retrouve avec plaisir d’autant que le scénario est également d’excellente qualité. L’auteure a vraiment le don pour dégotter des histoires vraies incroyables! Ici celle d’un homme tourmenté qui en somme n’a pas supporté de ne plus être une femme… Outre les visions cauchemardesques de la guerre dans un noir et blanc rehaussé de quelques touches de couleurs, on en profite pour se plonger dans l’ambiance des années folles, la mode des garçonnes, l’homosexualité féminine, les partouzes et la prostitution au bois de Boulogne… Pas question pourtant de faire du sensationnalisme dans cette bande dessinée, le tout est mis en image avec pudeur, que ce soit les moments coquins ou les scènes de violences conjugales. Du très bon travail.
Delcourt

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