MAGIE NOIRE

Un album très documenté sur l’Afrique moderne pérpétuant des coutumes ancestrales mais dans lequel on se perd.

Envoûtement, gris-gris et marabout. De la sorcellerie en Afrique nous ne connaissons guère que ces mots. Aussi « Magie noire » de l’Ivoirien Gilbert Groud nous entrouve-t-il les portes d’un monde mystérieux.
Parce que le grade d’un sorcier dépend de la valeur et du nombre de sacrifices humains qu’il a offerts, un père de famille va se retrouver dans une situation dramatique: pour assouvir sa soif de pouvoir, il lui faut sacrifier son fils, le dernier puisqu’il a déjà livré quatre de ses enfants. Que va-t-il décider ?

La sorcellerie est une institution en Afrique et comme toutes les institutions, elle est régie par des codes, des lois. La lecture de l’introduction – très documentée – dans laquelle l’auteur nous explique les rites dans ses grandes lignes, se révèle indispensable. Des bulles explicatives tout au long des pages nous aident aussi à mieux comprendre ce qui se trame. Mais même avec toutes ses informations, l’histoire – forcément fantastique – reste complexe. On a dû mal à suivre le fil de l’histoire et on se perd rapidement dans ces combats entre sorciers, ces personnages qui se transforment en chouette ou en singe et cette interaction permanente entre le monde des vivants et celui des esprits.

L’album a cependant le mérite d’être un miroir de l’Afrique moderne pérpétuant des coutumes ancestrales. Une Afrique où l’importance des sorciers est telle que chez eux, nous dit un villageois au détour d’une case, même les médecins vont se faire soigner. Une Afrique où des meurtres continuent d’être perpétrés au nom de la sorcellerie. Aujourd’hui dans une famille noire, précise même l’auteur, « 85% des membres sont initiés car la magie noire est devenue une mode. Qui n’est pas sorcier n’est pas homme ».

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