LONDRES-SANTORIN ALLER-RETOUR

Un écrivain part en vacances sur l’île de Santorin pour écrire un nouveau livre mais, soudain, l’héroïne de son roman prend vie sous ses yeux. Un graphisme original et élégant plombé par une lecture indigeste.

Tom Katz est un jeune romancier anglais à succès mais tellement obsédée par sa femme décédée qu’il voit son image partout. Histoire de se changer les idées et de s’atteler à un nouveau livre, il décide de partir en voyage. Destination l’île grecque de Santorin, dans un luxueux hôtel. C’est là qu’il assiste à l’émoi que provoque parmi les clients une mystérieuse Pénélope Brown qui a réservé les meilleurs emplacements sans jamais s’y montrer.

« Londres-Santorin aller-retour » n’a rien à voir avec « New-York Paris, Paris New-York » du même auteur et pourtant il lui ressemble, tant du point de vue formel que des ressorts scénaristiques. La recette avait plutôt bien fonctionné alors, cette fois le repas est raté… Le style graphique original a pourtant de quoi mettre en appétit: un trait très élégant, des cases bien marquées où globalement les seules touches de couleur sont utilisées pour l’épouse disparue du romancier. Explication donnée dès les premières pages par le héros: « Depuis qu’elle a disparu en mer, ma vie est devenue sans relief, sans couleurs (…) J’ai le sentiment que ma vie est cloisonnée, que mon espace est entièrement quadrillé. » Et voilà, ce qui se voulait subtile et léger comme une salade grecque vire déjà à la moussaka bien lourde!

Le lecteur serait-il incapable de comprendre de lui même, par delà les mots? Drommelschlager préfère en tout cas tout expliciter, histoire qu’on comprenne bien que ce récit n’est que faux-semblants, manipulation et vengeance. Résultat, l’introduction est interminable, la lecture poussive, et les dialogues lourdingues. On est même pas arrivé au plat principal qu’on cale déjà… Que dire ensuite de la double pirouette de fin? Après un premier dénouement bourré d’invraisemblances (difficiles à accepter à la lecture mais qui peuvent s’expliquer à la fin de l’album toutefois), l’auteur toulousain nous en offre un deuxième. Une cerise sur le gâteau malheureusement plus convenue que délicieuse.

Casterman

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