LES PORTES DU POSSIBLE

Dans un superbe livre-objet, Schuiten et Peeters réalisent vingt planches comme autant de pages de journal sur notre vie quotidienne dans un futur proche. Un nouvel hommage réussi à Jules Verne.

Ce journal imaginaire, Jules Verne aurait certainement pu en être l’auteur. Créé par François Schuiten et Benoît Peeters, « Les portes du possible » est en une vingtaine de planches « utopistes » le reflet de notre vie quotidienne dans un futur proche. Un avenir « à portée de main » rêvé à la manière d’un Jules Verne. Et qui d’autres que les deux Belges, auteurs depuis 1983 de la série d’albums « Les Cités obscures » – cet univers parallèle à la fois rétro et futuriste – étaient mieux les mieux placés pour rendre hommage à l’écrivain dont on fête cette année le centenaire de sa mort?

Dans « Les portes du possible », les dates défilent donc – 20 octobre 2011, 15 mars 2019, 17 décembre 2032, 20 septembre 2036, etc – ainsi que les sujets abordés, en combinant textes et images sous la forme d’un vraix-faux journal: les OGM et les manipulations génétiques, les changements climatiques et l’eau potable, les trains à grande vitesse, les nouveaux matériaux, les rites funéraires, les voitures-cocons, etc… Même si certaines de ces portes ouvertes sur notre futur ne sont pas vraiment optimistes, Schuiten et Benoît Peeters ne sombrent pas dans le catastrophisme. Les pages sont colorées et le ton employé, volontiers souriant, n’est pas avare d’anecdotes comme la transformation du Parlement Européen en parc de loisirs ou l’irruption d’un commando de naturistes dans la piscine d’un train.

« Les portes du possible » est un superbe livre-objet grand format. Edité par Casterman sur le même principe qu' »A l’ombre des tours mortes » de Spiegelman en 2004, il met parfaitement en valeur le travail des auteurs. Chaque planche cartonnée qui peut se lire indépendamment des autres court sur les deux pages, sans coupure au milieu de la planche. L’œil peut donc naviguer librement et se perdre dans cet espace imaginé par les deux auteurs. Les planches étaient parues il y a quelques mois dans plusieurs journaux belges (Le Soir et De Morgen), français (Courrier international) et italien (II Sole 24 ore).

Dans une exposition visible jusqu’au 15 janvier 2006, la Bibliothèque Nationale de France présente par ailleurs toutes les pages du journal, des sérigraphies et des illustrations de Schuiten et Peeters autour de l’œuvre de Jules Verne.

Casterman

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