LE COMBAT ORDINAIRE – Tome 1

Sans doute l’album le plus personnel de Larcenet. Touchant.

« C’est l’histoire d’un photographe fatigué, d’une fille patiente, d’horreurs banales et d’un chat pénible », résume Manu Larcenet à propos du « Combat ordinaire ». Ce combat c’est celui qui se passe dans la tête de Marco, un photographe qui a perdu l’envie de courir le monde pour y faire « des clichés de cadavres exotiques ». Son seul désir, se réfugier loin du monde, dans sa petite maison dans la verdure, avec pour seule compagnie son chat acariâtre Adolf. Une solitude vite comblée par sa rencontre avec un vieux pêcheur philosophe et surtout la jolie vétérinaire Emilie qui peu à peu lui réclame un peu plus de place dans sa vie: partager un appartement, avoir un bébé… De quoi paralyser Marco, déjà sujet à de redoutables crises d’angoisse. C’est donc contre lui même qu’il devra lutter pour affronter la vie et s’ouvrir à l’amour.

Après avoir exploré avec humour le passage de la vie de citadin à celle de campagnard dans « Le retour à la terre » (en collaboration avec Ferri), Manu Larcenet va encore plus loin dans l’introspection. C’est sans doute son album le plus personnel. L’histoire d’un homme saturé de la société, d’un retour sur soi-même avant une renaissance.

Rarement quête de soi aura été traitée avec autant de sensibilité et d’humanité. Les thèmes abordés le sont avec la simplicité et l’humilité nécessaire: l’intolérance, l’amour, le sens de l’existence, la fraternité, la famille…

Sans chichis ni fioritures, « Le combat ordinaire » réussit à toucher le plus simplement du monde. Marco mais aussi les autres personnages qui gravitent autour de lui, sont extrêmement attachants. Ils nous rappellent forcément quelqu’un si ce n’est nous-même. C’est un regard plein de tendresse et d’humour que porte par exemple Manu Larcenet sur les parents vieillissants de Marco, entre une mère qui s’inquiète pour le boulot de son fils, sa constipation ou son futur cancer du poumon, et un père qui a oublié ce qu’il a vu il y a une heure mais se souvient de la robe de sa mère le jour de son mariage.
Au niveau graphique, on retrouve la patte Larcenet. Comme toujours, les personnages sont très expressifs. Pas besoin de dialogues pour que l’on comprenne leur état d’esprit. Qu’il s’agisse d’étonnement, de tendresse ou de souffrance, tout passe dans l’expression du visage. L’auteur alterne en outre les planches couleurs, représentatives de la vie quotidienne de Marco, et les planches monochromes au ton cépia, réflexions sur la condition humaine du héros.

Avec « Le combat ordinaire », Manu Larcenet livre sans doute ici son ouvrage le plus abouti.

Dargaud

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