LE CHOUCAS – Tome 5. Le Choucas met le feu aux poudres

Une cinquième enquête qui a pris son rythme de croisière et qui continue de surprendre très agréablement.

En pleine campagne électorale 2002, un bouquin (« Le Guide du taulard ») révélant les dessous du système pénitentiaire est sur le point de paraître. Ce livre politiquement incorrect et qui pourrait créer le scandale, le ministère de l’Intérieur veut en empêcher la publication, d’autant que l’éditeur est soupçonné d’avoir des liens avec l’extrême droite. Le ministère contacte donc officieusement Le Choucas pour qu’il en retrouve l’auteur. Refusant de porter atteinte à la liberté d’expression, le détective refuse. Jusqu’à ce que poussé par la curiosité, il se lance à son compte dans l’enquête.

Avec cette cinquième enquête la série a pris son rythme de croisière et continue de surprendre très agréablement. Le Choucas n’a rien d’un James Bond, ni par son physique ni par le prestige de ses enquêtes. Cet ancien remonteur d’horloge reconverti en privé pour cause de licenciement économique ne fréquente pas les hautes sphères de la société. Les affaires qu’il traite sont toujours terre-à-terre et assez dérisoires. A peine l’enquête qui lui est confiée ici revêt-elle une importance particulière car demandée par le ministère de l’Intérieur. Et encore c’est juste parce que la sœur du Choucas fréquente un fonctionnaire du susdit ministère et qu’elle a pensé à lui!
L’auteur avoue s’inspirer de faits de société, de faits divers que l’on trouve tous les jours dans la presse. L’intrigue policière est d’ailleurs surtout prétexte à la création d’une formidable galerie de portraits, reflet de notre société. Lax semble se régaler à mettre en scène des personnages au caractère bien trempé, de Gabin, chauffeur de taxi et collectionneur de vieilles voitures, au Choucas qui fidèle au nom qu’il emprunte à l’oiseau, arbore toujours costume noir et chemise jaune.
Le Choucas n’a ni expérience, ni flingue ni licence. Il se trompe souvent mais parvient quand même au bout de cette affaire à force de détermination et sans doute aussi de chance.

Modeste, le Choucas est donc un privé terriblement humain mais aussi éminemment sympathique. Accro de la collection Série Noire au point de pouvoir en citer des extraits de tête, il joue avec les mots, l’écriture et les calembours. Cela sonne juste, on se croirait dans un polar en noir et blanc avec des dialogues à la Michel Audiard. Quelque chose de Nestor Burma aussi avec une ambiance un peu hors du temps.

Complétant parfaitement cette atmosphère de roman noir, Lax privilégie les scènes de nuit, use de clairs-obscurs et de couleurs en camaïeux à de rares exceptions près comme le jaune – immédiatement repérable – de la chemise du Choucas. L’auteur s’amuse aussi avec le dessin: le premier opus regorgeait de collages, le cinquième s’amuse avec les codes barres, en référence à la couverture du « guide du taulard » qui imagine ces barres à la place de barreaux de prison.

Alors envolez-vous sans hésiter avec le Choucas pour un pur moment de plaisir.

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