LE CAMION DES YEUX – Tome 1. N’Gaoundéré

Une jeune étudiante accompagne un camion ophtalmologique à destination du Cameroun. Une histoire de vengeance personnelle sur fond de superstition et de construction politique de l’Afrique. Exotique mais pas inoubliable.

N’Gaoundéré, c’est le nom d’un bled du nord Cameroun dans lequel débarque Mathilde pour une mission humanitaire, en 1965. Elle est bientôt rejointe par Clément qui est entré clandestinement dans le pays pour venir lui déclarer sa flamme. Mais autour des deux jeunes gens rôde un personnage inquiétant: un certain monsieur Amiel dont tout le monde semble se méfier.

« Le camion des yeux » est un album original. D’abord par le décor: celui de l’Afrique noire post-coloniale reste assez peu utilisé. Dans cette région du monde où les blancs ne sont plus chez eux mais pas vraiment partis non plus, l’Afrique indépendante se construit peu à peu, dans la confusion parfois.

Album original aussi par le graphisme: le dessin est résolument rétro et l’utilisation des couleurs primaires, du grain vont aussi dans ce sens. Cependant, le trait est souvent trop simpliste (en particulier dans les visages) et est un peu rébarbatif. D’ailleurs, la couverture n’est pas non plus des plus alléchantes: deux personnages dans un coin dont on devine seulement les visages et dont on ne comprend pas ce qu’ils font.

L’intrigue, elle, semble plus fouillée. Certes dans ce premier tome, il s’agit avant tout de présenter les personnages et le cadre. Et les personnalités de Mathilde et Clément ne semblent pas des plus passionnantes. On s’ennuierait presque lorsque ce sont eux qui sont mis en avant. En revanche, le personnage d’Amiel promet d’être beaucoup plus intéressant. Pour le moment, il reste bien énigmatique et ses paroles et ses faits et gestes dépassent le lecteur. Celui qui se présente comme instituteur, semble davantage versé dans les envoûtements et le spiritisme. Alors qui est-il vraiment ? Pourquoi dit-on de lui qu’il est « guiteul goteul »? Pourquoi est-il borgne ? etc. Autant de questions dont on aimerait obtenir les réponses dans les deux prochains volumes. Mais sans mourir d’impatience non plus.

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