LE BOURREAU – Tome 1. Justice divine?

Il traque et exécute les criminels dans le Paris moyenâgeux en se réclamant de la justice de Dieu. Le Bourreau voit ses certitudes vaciller quand il tue un innocent et qu’un autre personnage aux super-pouvoirs identiques se met en travers de son chemin. Le mythe du super-héros revisité de manière prometteuse.

Dans le Paris de la fin du Moyen âge, les criminels tremblent. Celui qu’on appelle « le Bourreau » et qui se considère comme l’envoyé de de Dieu a le don de retrouver la trace des assassins et de les amener jusqu’à lui. La sentence est alors sans appel. Un jour pourtant, il se rend compte qu’il vient d’exécuter un innocent.

Avec cette nouvelle série en trois tomes, le scénariste de « La Licorne » se lance dans un nouveau scénario historico-fantastique plutôt original: une revisitation du mythe du super-héros en plein Moyen âge. Des super-pouvoirs, une identité secrète, un masque, la soif de justice, etc, les codes du genre sont bien là, jusque dans cette couverture montrant un homme masqué accroupi en haut d’un édifice tel un Batman veillant sur Gotham City. Paris n’est pas Gotham City mais y apparaît quand même un mystérieux Bouffon disposant des mêmes pouvoirs que le Bourreau et rappelant furieusement le Joker créé par Bob Kane et Bill Finger. L’hommage n’est pas qu’anecdotique – comme peut l’être la ressemblance physique indubitable du héros avec celui du jeu vidéo « Assassin’s Creed » -, car progressivement l’intrigue amène à s’interroger sur la notion de justice et d’équité alors que le Bourreau se rend compte qu’il est détesté par une population parisienne voyant en lui un tueur au service des intérêts des nobles et des puissants. Par qui et pourquoi est-il manipulé? En attendant qu’il le découvre, on profite de l’ambiance glauque à souhait des ruelles de Paris, créée par les planches de Julien Carette (« Nomad 2.0 »). Seuls hic dans cette entraînante entrée en matière: les flash-backs récurrents de la jeunesse du héros qui perturbent un peu la lecture et surtout le ton de la voix off courant tout au long de l’album, tantôt très grave tantôt presque comique.

Dessinateur: Julien Carette – Scénariste: Mathieu Gabella – Editeur: Delcourt – Prix: 14, 99 euros.

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