LAWFUL DRUG – Tome 1

Lorsqu’une recette fonctionne pourquoi en changer? Le dernier Clamp utilise les mêmes ressorts scénaristiques et graphiques que d’habitude. Sauf qu’entre temps la censure est passée par là…

Kazahaya Kudô a 17 ans. Il travaille dans une pharmacie avec son colocataire Rikuo Himura depuis que ce dernier lui a sauvé la vie. Employés le jour, ils se voient confier des missions la nuit par Kakei, le propriétaire de la pharmacie. Les deux jeunes hommes ont chacun un pouvoir spécifique: Kazahaya possède le don de vision, Rikuo celui de briser de petits objets.

« Lawful drug » est la dernière série fantastico-policière des très prolifiques filles du studio Clamp (« X », « RG Veda », « Tokyo Babylon », etc). Encore une fois, ce sont surtout les relations humaines que Clamp explore et les personnages ont tout du stéréotype du studio: un Kazahaya encore très innocent et d’une grande sensibilité, un Rikuo taciturne qui cache un lourd secret, sans oublier l’homosexualité masculine latente entre Kakei et son compagnon Sagai.

Graphiquement, on retrouve aussi la patte Clamp avec des visages très efféminés (il faut un certain temps par exemple avant de réaliser que monsieur Kakei est un homme) et leurs épaules carrées. Bref les fans ne seront pas dépaysés.

Mais est-ce parce que le manga a été censuré – les images et les mots pouvant être considérés comme une incitation à la consommation de stupéfiants ont été retirés en rapport avec la législation française – que l’histoire semble complètement décousue? Les « missions » de Kazahaya et Rikuo semblent n’avoir ni queue ni tête. Après avoir trouvé un livre, ils doivent ensuite ramasser des lucioles invisibles… Leur justification sera peut-être donnée dans les tomes suivants mais pour le moment, elles s’apparentent davantage à de simples gages qui s’enchaînent les uns aux autres. Le récit est également très elliptique à l’intérieur d’une même planche et cela perturbe un peu la lecture. Les relations sont ainsi très tendues entre les deux colocataires sans qu’on comprenne pourquoi. On a l’impression de prendre le manga en marche.

Censure oblige, il n’est donc jamais fait mention de drogue, pas même de médicament. Tout juste savons-nous que les personnages travaillent dans une pharmacie. D’ailleurs, même la petite feuille de cannabis présente sur la couverture de la version japonaise a été retirée ici.

Sans polémiquer sur la légitimité de la censure exercée ici, on peut s’interroger sur l’intérêt d’une série publiée dans ces conditions. Difficile en tout cas de la juger véritablement sans connaître la version japonaise.

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