LA PASSION DE DODIN-BOUFFANT

Gastronome réputé cherche nouvelle cuisinière. Une quête ardue en forme d’hymne au bien manger. Une BD savoureuse.

Fin gastronome autant admiré que craint, monsieur Dodin-Bouffant est dévasté depuis la mort subite de sa talentueuse cuisinière en ce jour de 1862 avec il imaginait des plats toujours plus goûteux. Lui trouver une remplaçante semble relever de l’impossible.

Premier album de Mathieu Burniat en tant qu’auteur complet (on lui doit sinon « Shrimp » avec Matthieu Donck et Benjamin d’Aoust au scénario), « La passion de Dodin-Bouffant » est une libre adaptation d’un classique de la littérature gastronomique des années 1920 « La vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet » de Marcel Rouff. Il faut donc avoir l’estomac bien plein pour ne pas saliver devant le homard à la royale, les rôtis à la moelle, les hachis de pigeon à la crème, les gelées et les mousses de chanterelles et d’écrevisses, les petites truites confites bourrées d’estragon et d’olives, etc. Une cuisine de terroir certes fort différente de celle actuelle mais qui donne l’eau à la bouche et qui touche à l’amour: « La cuisine est une œuvre de choix qui veut beaucoup d’amour », déclare Dodin-Bouffant au prince héritier d’Eurasie.

L’amour… car dans « La passion de Dodin-Bouffant », il n’est pas seulement question de gastronomie, on y parle aussi d’une rencontre. En l’occurrence celle de Dodin-Bouffant, le gourmet bourru et intransigeant, et d’Adèle la fille de ferme au physique négligé mais aux talents culinaires insoupçonnés. Les protagonistes de cette histoire, le notaire, le médecin et le marchand de bestiaux amis du gourmet compris, sont excellents, croqués à la manière des caricatures de Daumier et au trait hachuré proche de celui de Blain.

Un régal à déguster sans modération.

Dargaud

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