LA GOULE

Un tueur est engagé pour éliminer un démon femelle qui terrorise tout un village. Un album surprenant au graphisme marquant mais décevant côté scénario.

« Goule : n.f. démon femelle qui dévore les cadavres dans les cimetières. » C’est ce monstre légendaire que vient éliminer un tueur recruté par les villageois apeurés de Montcoeur.

C’est avec « La goule », un album étrange et déroutant, que Christophe Merlin, illustrateur, et Agathe de la Boulaye, actrice et cinéaste, s’essayent à la bande dessinée. Les auteurs nous brossent le portrait de villageois superstitieux, remplis de préjugés et castrateurs et d’une créature très en chair, métaphore de l’aspect animal du désir. Qui est réellement cette créature qui participe à des bacchanales érotiques et macabres dans le cimetière? N’est-elle pas le reflet des pulsions sexuelles refoulées des villageois ?

Il faut bien l’avouer, le scénario est tout sauf clair. Et s’il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour bien comprendre ce dont il s’agit, on n’en sort pas plus convaincu: le scénario est beaucoup plus léger que ne le laissaient supposer le choix du personnage fantastique de la goule et les 88 pages de l’album. La trame du récit est finalement très simple, les personnages n’ont rien d’attachant et le tueur solitaire n’est qu’à peine esquissé et semble juste faire partie du décor. L’histoire – dont la fin reste ouverte – se lit donc rapidement sans parvenir à séduire.

L’originalité de l’album tient donc davantage dans le style de Christophe Merlin, toutefois plus proche de l’illustration et de la peinture que de la bande dessinée. La taille des cases (souvent deux par planche seulement) et le lettrage du texte – qui donne l’impression que les dialogues se fondent dans le dessin – évoquent parfois de petits tableaux. Quant à l’ambiance fantastique et inquiétante du récit, elle est soulignée par les visages exagérément expressifs, le travail sur les ombres et les couleurs éclatantes ou au contraire très sombres.

Casterman

Share