JE VAIS RESTER

Roland avait absolument tout prévu pour ses vacances avec Fabienne à Palavas. Tout sauf sa mort, idiote. Paradoxalement, le drame va pousser la jeune femme à revivre. Un album qui traite avec finesse du déni de deuil.

Palavas-les-flots au coeur de l’été. Le soleil, la plage, les vendeurs de glace… et un fichu coup de mistral qui provoque la mort brutale d’un touriste, Roland, le mari de Fabienne. Contre toute attente, la jeune femme décide de rester sur place et de suivre le programme des vacances comme si de rien n’était.

A partir d’un fait-divers insolite et néanmoins tragique, Lewis Trondheim dresse le portrait d’une femme qui découvre soudain que l’imprévu est imaginable. Celle que l’on croit d’abord en état de sidération, le regard hébété, redécouvre peu à peu les petits bonheurs, ceux d’une vie qui n’a pas été programmée dans l’agenda de son mari. « Je vais rester » est une balade méditative au milieu de Palavas et de ses attractions pour touristes – le téléphérique, le spectacle en bois des arènes, le restaurant panoramique où il faut payer l’ascenseur, etc – où le dessin expressif d’Hubert Chevillard (« Le Pont dans la Vase ») fait la part belle aux scènes muettes des enfants jouant au ballon sur la plage, du pépé ramenant une glace à sa femme ou des ados chahutant joyeusement, faisant contraste avec le drame vécu par Fabienne. Le trait est expressif, les couleurs sont chaudes et lumineuses, les personnages sont attachants et le ton est juste. « Je vais rester » traite ainsi avec sensibilité du déni de deuil.

Dessinateur : Hubert Chevillard – Scénariste : Lewis Trondheim – Editeur : Rue de Sèvres – Prix : 18 euros.

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