FONDU AU NOIR

En 1948, un scénariste de cinéma se réveille dans un appartement avec la vedette de son film morte dans le salon. Une enquête noire ultra efficace mêlant strass, sexe et anti-communisme.

Quand Charlie Parish, scénariste pour un studio hollywoodien, se réveille dans une baignoire avec une gueule de bois carabinée, il n’a vraiment pas les yeux en face des trous. Mais quand il découvre dans le salon le corps sans vie de Valeria Sommers, l’actrice vedette du film sur lequel il travaille, c’est l’incompréhension et la panique qui s’emparent de lui.

Après « Criminal » et « Fatale », Ed Brubaker et Sean Phillips reforment leur duo pour un nouveau polar très bien ficelé. « Fondu au noir » regroupent les 12 épisodes parus aux Etats-Unis en un épais album de près de 400 pages qui nous plonge dans les coulisses du cinéma américain à l’aube des années 50, sur fond de chasse aux sorcières contre les artistes et intellectuels communistes et de traumatismes liés à la Seconde Guerre mondiale. Un cadre qui parle particulièrement à Brubaker puisque son oncle John Paxton était connu pour ses nombreux scénarios de films noirs écrit au cours des années 1940 et 1950.

Dans « Fondu au noir », la mort de la starlette ayant été maquillée en suicide, Charlie Parish va se lancer dans sa propre enquête au coeur d’un univers qui au delà des apparences n’a vraiment rien de glamour: starlettes prêtes à tout pour décrocher un rôle, producteurs exploiteurs, scénaristes corvéables à merci, vie privée des acteurs mises en scène, etc… C’est noir, glauque et qu’il s’agisse de Charlie Parish, de son ami Gil ou de tous les autres personnages secondaires, ils sont parfaitement campés, loin de tout manichéisme. Quant aux planches de Phillips, à la fois réalistes et esthétiques, elles sont très efficaces également, nous offrant au passage quelques têtes connues comme Gable ou Bogart. A noter que les partisans de la suppression du tabac dans les oeuvres culturelles risquent de s’étouffer, vu le nombre de personnages représentés cigarette aux lèvres dans chaque planche! Enfin, un riche dossier d’illustrations clôt l’album.

Dessinateur: Sean Phillips – Scénariste: Ed Brubaker – Editeur: Delcourt – Prix: 34,95 euros.

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