BLAKE ET MORTIMER – Tome 18. Le sanctuaire du Gondwana

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Les pères adoptifs de Blake et Mortimer envoient leurs héros sur la piste d’une civilisation perdue au coeur de l’Afrique noire. Une grosse surprise scénaristique et un style « jacobsien » classique que les fans apprécieront.

Un nouvel album de « Blake et Mortimer » est toujours un événement. Quatrième aventure réalisée par le duo Sente-Juillard, « Le sanctuaire de Gondwana » qui sort aujourd’hui met le cap sur l’Afrique coloniale au coeur du Tanganyka, le Kenya et la Tanzanie actuels. En effet, suite à son périple en Antarctique des « Sarcophages du 6e continent », le professeur Mortimer – pas très en forme soit dit en passant – découvre que la roche gravée qu’il a ramenée de l’Antarctique daterait d’il y a plus de 350 millions d’années. L’homme serait donc né bien avant les dinosaures! Et ce n’est pas tout, les gravures de la roche ressemblent étrangement aux inscriptions trouvées sur une bague rapportée d’Afrique par un paléontologue devenu inexplicablement fou.

L’exercice n’est pas facile et pourtant en seulement 56 pages, Sente réussit à nous embarquer dans une histoire reprenant tous les grands thèmes jacobsiens – les mondes perdus, l’archéologie, le fantastique scientifique, le polar, le déguisement – et qui se clôt par un rebondissement extraordinaire qu’on se gardera bien de révéler ici. La vraisemblance n’est évidemment pas le plus grand souci des auteurs qui respectent ainsi le ton originel des aventures de Jacobs, comme ces décors un peu kitsch et des dialogues un brin dépassés. Les passionnés de « Blake et Mortimer » remarqueront même le clin d’oeil à la scène emblématique de « La Marque jaune » lorsqu’un homme entre chez Blake par la fenêtre. Tout y est, jusqu’au pli des rideaux soufflés par le vent! Les commentaires de la « voix off » extrêmement bavards et qui ne peuvent s’empêcher de décrire ce que l’on voit dans la case juste en dessous, un manque de dynamisme inhérent à ces explications et des raccourcis abrupts, tout ceci n’effraiera pas non plus les fans.

Ceux qui gardent un très mauvais souvenir des safaris sanglants du petit reporter belge dans « Tintin au Congo », risquent en revanche de faire la grimace au vu du tableau de chasse réalisé par nos héros en à peine un quart d’heure et quelques cases: un éléphant, un lion et une dizaine de lycaons, qui dit mieux?! Blake_et_mortimer.jpgL’accumulation de ces animaux (qui s’ajoute à une noyade et un accident de 4×4) est telle qu’elle en devient un peu ridicule, il faut bien le dire. Et encore, on a échappé à une attaque de crocodiles paraît-il! By Jove!

Ceci, on l’apprend dans un bel ouvrage qui sort en même temps que le 18e tome: 80 pages d’esquisses inédites, de croquis, d’aquarelles, de recherches de personnages, de décors autour des quatre albums signés Sente et Juillard (de « La Machination Voronov » au « Sanctuaire de Gondwana ») et des entretiens de Sente et Juillard bourrés d’anecdotes. « Dans les coulisses de Blake et Mortimer » (20 euros) s’avère donc finalement plus passionnant que l’album lui-même.

Dargaud

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