ANAMORPHOSIS

Six candidats à un jeu secret doivent survivre 48h au désir de vengeance d’un fantôme. Principale nouvelle d’un recueil qui en compte neuf autres, beaucoup plus gores et dérangeantes, parfaitement dispensables…

Les candidats qui tiendront 48h enfermés dans un bâtiment avec pour « colocataire » le fantôme d’un participant à une émission télé décédé dans des circonstances tragiques, se partageront la somme de 600.000 euros. Le principe est simple mais les surprises et les dangers seront au rendez-vous.

Troisième ouvrage de Shintaro Kago publié chez IMHO après « Carnets de massacre » et « Fraction », « Anamorphosis » fait moins ici dans l’érotisme gore teinté de science-fiction. Du moins dans la première nouvelle. Car le titre de l’album, « Anamorphosis », fait en réalité référence à la première histoire, la plus longue du recueil. Reposant sur tout un jeu de trompe-l’oeil, trucages et manipulations, le récit a des qualités: la narration est maîtrisée et le lecteur est complètement berné en croyant se plonger dans un récit surnaturel où les protagonistes ne cessent de grandir et de rapetisser au milieu d’une gigantesque maquette de Tokyo. Au final, ce plaidoyer passionné pour l’esthétisme des maquettes et des truquages à l’ancienne fonctionne plutôt bien malgré un dénouement rapide et vraiment tiré par les cheveux…

Moins franchement ero-guro (mouvement artistique japonais combinant l’érotisme à des éléments macabres et grotesques) que dans ses autres oeuvres donc, le reste du recueil est en revanche bien dans le style de Shintaro Kago: une détective de choc et de charme qui doit comprendre la mort d’une jeune femme tuée en pleins ébats sexuels par des outils de bricolage; une jeune fille poursuivie par la pluie; une voisine mangeuse d’enfants; des élèves transformés en tas de graisse géants pour cause d’inactivité; une jeune femme dont le ventre est un vrai bureau des objets trouvés; une petite fille victime de la malédiction d’un chasseur de serpent; une écolière qui pousse au suicide; une étudiante qui se retrouve avec une bouche à la place d’un téton; et une blague tragique au coeur d’un vaisseau spatial. Sexes, bondage, viol, zoophilie, cannibalisme et autres tripes à l’air, aucune atrocité ne nous est épargnée. Les adeptes du genre et du mangaka apprécieront sans doute ces neuf nouvelles de quelques pages, très imaginatives on le concède. Les lecteurs simplement curieux de découvrir un auteur ressentiront cependant un malaise certain devant tant de provocation et de vulgarité. L’interdiction d' »Anamorphosis » aux moins de 16 ans aurait mérité d’être étendue aux moins de 18 ans…

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