AMERES SAISONS

Le naufrage d’un jeune greffier devenu SDF après sombré dans l’alcool. Un récit autobiographique dur et émouvant.

« Je m’appelle Etienne et je suis alcoolique ». La première phrase de ce récit autobiographique donne le ton sans pour autant laisser imaginer la véritable descente aux enfers qu’Etienne Schréder va nous décrire dans les 200 pages suivantes. Tout commence à Bruxelles durant l’été 1979. Etienne, 29 ans, greffier de prison, boit. Quelques cuites et fautes professionnelles après, il est contraint à la démission par sa hiérarchie. C’est le début d’une longue et terrible déchéance racontée en noir et blanc une quinzaine d’années plus tard et dédiée à ses deux enfants.

« Un livre rare (…) inspiré et fragile » écrit, admiratif, François Schuiten qui signe la préface. Il est vrai qu’une telle expérience de la part de quelqu’un qui se considère « marginal chez les gens normaux et inadapté parmi les marginaux » ne peut laisser indifférent. Avec une distance et une froideur parfois clinique, le greffier devenu dessinateur (« La couronne en papier doré », « Les architectes du temps », « Le vol d’Icare ») évoque donc ses mois passés dans la rue, ses errances de comptoirs en trottoirs à travers la France seul ou avec des frères de beuverie, ses hospitalisations et ses cures, de courts moments d’abstinence avant de sombrer de plus belle. Rien ne nous est épargné ou presque « parce qu’un livre n’est pas un égout » et que par pudeur, Schréder a fait l’impasse sur les scènes les plus dures.
En dépit d’un récit un peu trop linéaire et redondant qui n’évite pas certaines longueurs, « Amères saisons » constitue donc un témoignage émouvant sur une maladie rarement abordée en bande dessinée.

Casterman

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