AINSI SE TUT ZARATHOUSTRA

Un voyage drôle et instructif à la découverte de l’Iran et du zoroastrisme, l’une des premières religions monothéistes du monde.

Par ce titre – clin d’oeil à Nietzche et son poème philosophique « Ainsi parlait Zarathoustra » -, Nicolas Wild nous emmène au coeur du désert iranien à la découverte du zoroastrisme. Kezako? Largement méconnue, il s’agit pourtant de l’une des premières religions monothéistes du monde, fondée par Zarathoustra et qui fut le culte officiel des Perses jusqu’à ce que l’Islam le supplante. Aujourd’hui, le pays ne compte pas plus de 30.000 zoroastriens. Freddie Mercury fut également l’un de ses adeptes!

Dans « Ainsi se tut Zarathoustra », album co-édité avec Arte Editions, tout commence lorsqu’une amie franco-iranienne invite Nicolas à venir en Iran assister à l’inauguration du centre culturel zoroastrien imaginé par son père Cyrus Yazdani avant son assassinat.

On se souvient du formidable « Kaboul Disco » (dont le 3e tome est d’ailleurs attendu pour 2014) dans lequel Wild racontait son quotidien d’expatrié en Afghanistan. Ceux qui avaient été séduits alors devrait l’être tout autant par ce one-shot de 220 pages en noir et blanc dans la lignée des journaux de bord autobiographiques de Delisle (« Pyongyang » ou « Shenzhen »). A ceci près qu’ici le récit est plus autofictif que autobiographique, l’auteur ayant créé de toutes pièces le personnage de Cyrus Yazdani même s’il s’inspire de Kasra Vafadari. Ce dernier s’était attiré les foudres de la République Islamique à plusieurs reprises, se voyant régulièrement pris à parti ou menacé de mort. Son assassinat en 2005 est intervenu dans une vague de meurtres ayant touché les leaders zoroastriens entre 2005 et 2008 à travers le monde.

Concrètement, nous empruntons donc un double itinéraire dans les pas de Wild: touristique d’un côté, enquête policière autour du meurtre de Yazdani de l’autre avec les coulisses du tribunal de Genève où le meurtrier de Yazdani est jugé. Wild en profite même pour évoquer le sort des migrants afghans en Europe. Dans ce voyage, la politique, le quotidien et les moeurs locaux ne sont jamais loin, l’humour et l’autodérision non plus. Wild montre ici encore qu’il a cette capacité de faire du sérieux sans se prendre au sérieux.

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