BALLES PERDUES

Un tueur se voit confier l’exécution de trois braqueurs par le patron de la mafia de Chicago. Une plongée très cinématographique dans l’Amérique des années 30. Très très classique mais le charme opère encore.

1932, Arizona. Le condamné à perpétuité Roy Nash sort de prison grâce au parrain de Chicago – un certain Al… – qui, en échange, lui demande d’aller liquider trois braqueurs indélicats qui ont filé avec le magot. Roy accepte d’autant plus facilement que l’un d’entre eux a aussi amené avec lui celle dont il est amoureux, Léna.

Avec cette adaptation par Matz (« Tueur ») d’un roman de Walter Hill (réalisateur de « 48 heures » et producteur de « Alien »), c’est un one shot alléchant que Rue de Sèvres propose. Les amateurs de polars américains des années 30 vont être servis: prohibition, mafia, gangsters élégants en costume et borsalino, flics corrompus, mitrailleuses Thomson, automobiles rutilantes, pin-up désabusées et héros solitaire et mutique, etc, « Balles perdues » reprend tous les codes du genre. Matz a confié le dessin à Jef (« Une balle dans la tête », « 9-11 ») dont le dessin réaliste aux tons sépia bâtit de belles scènes d’action et de vraies gueules de truands tout droits sortis de films. Seuls problèmes: il y a beaucoup de personnages dans cette histoire et, hormis Roy Nash, on a souvent du mal à les différencier les uns des autres; et ils ont une manière étrange de grimacer, un oeil exorbité à chaque fois qu’ils sont en fâcheuse posture…. Pour le reste, c’est classique, très classique dans le scénario y compris le dénouement final, mais à défaut d’être original c’est bien fait, rythmé et sans temps mort. Bref, une ambiance de bon film mafieux traditionnel qui a son charme. En écrivant cette histoire il y a une trentaine d’années, Walter Hill l’avait d’ailleurs mise au format d’un film de cinéma sans jamais aller plus loin dans la concrétisation. Mais lorsque Matz, rencontré à La Nouvelle-Orléans sur le tournage de « Du plomb dans la tête » (adapté de la BD de Matz et Wilson), lui a demandé s’il n’avait pas un scénario susceptible de devenir une bande dessinée, le scénariste américain a sélectionné « Balles perdues ».

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