Philippe Guillaume: « Une histoire rocambolesque un peu oubliée »

En 1940, les réserves monétaires de la Belgique ont été mises à l’abri en Afrique. Avec Pierre Boisserie, Philippe Guillaume imagine un commando bien décidé à empêcher les Allemands de s’en emparer. Basé sur des faits réels et prévu en deux tomes, « L’or des Belges » est une haletante chasse au trésor.

Comment avez-vous découvert cette histoire de réserve d’or belge qui a voyagé à travers le continent africain?
Philippe Guillaume.
Lors de recherches pour poursuivre ma série précédente, je suis tombé par hasard sur un livre écrit dans les années 80 en Suisse et qui faisait mention de ce périple à travers l’Afrique. Cela fait partie de ces événements un peu oubliés de la Seconde Guerre mondiale. Cela s’explique probablement parce qu’il n’y a pas beaucoup de détails sur cette histoire. Toute la problématique de l’or des nazis est toujours entourée d’un peu de mystère.

Cela veut dire qu’il a été difficile de se documenter sur cette histoire?
Ph.G.
Ce n’était en effet pas simple. Il a fallu faire pas mal de recherches. On a eu la chance de trouver deux ouvrages intéressants : un article assez long paru dans les années 90 dans « Les Cahiers historiques de la Banque de France » et un livre écrit par la fille de l’officier belge qui a retrouvé l’or. On y a trouvé pas mal de détails concernant le transport de l’or.

Vous aviez déjà les ingrédients principaux grâce aux faits historiques, qu’avez-vous ajouté de fictionnel pour construire votre récit?
Ph.G.
Cette histoire rocambolesque nous faisait penser à des films comme «Cent Mille Dollars au soleil», «Un Taxi pour Tobrouk» et même à Indiana Jones. L’idée était d’imaginer un commando qui essayait de récupérer l’or pendant son transfert à travers l’Afrique. Ce commando est complètement fictionnel. Il est composé de quatre personnages qui ont le même but, récupérer l’or, mais chacun pour des raisons qui leur sont propres.

On retrouve cette proximité avec le cinéma dans la couverture de votre album qui rend hommage aux grands films d’aventure…
Ph.G.
La couverture a en effet été conçue comme une affiche de films des années d’après-guerre. C’était un pari car cela obligeait à mettre le titre en bas. Je la trouve en tout cas très efficace.

On découvre que les Anglais ont attaqué les Français en Algérie ou même que des combats ont opposé les forces de De Gaulle aux alliés de Pétain…
Ph.G.
On connait quand même Mers El Kébir, quand Churchill donne l’ordre de tirer sur la flotte française pour qu’elle ne tombe pas aux mains des Allemands. Mais, effectivement, le débarquement raté de Dakar est un peu oublié. Cela ne rentre pas trop dans le mythe du chef de la France libre. De Gaulle passe par une sale période en septembre 1940. Il est très content parce que l’Afrique équatoriale française est passé facilement à la France libre grâce au gouverneur Felix Eboué et au colonel Leclerc. Il espère réitérer la même chose avec l’Afrique occidentale française mais se heurte au gouverneur général et au commandant militaire qui sont des proches de Pétain. Cela se passe mal. Le débarquement échoue et De Gaulle a un grand coup de déprime. Il en parle d’ailleurs dans ses mémoires. Il songe même à se suicider.

Quand vous mettez en scène De Gaulle, Pétain ou Churchill, vous collez au plus près de la réalité…
Ph.G.
On a fait une fiction autour d’événements totalement réels. Ces chefs d’Etat sont des parties prenantes de cette histoire. Avec Pierre Boisserie, on aime partir d’événements historiques et en rester proche tout en instiguant plus ou moins une part de fiction. Dans «L’or des Belges», il y en a un peu plus que dans «Le banquier du Reich».

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

« L’or des Belges » de Philippe Guillaume, Pierre Boisserie et Stéphane Brangier. Dargaud. 15 euros.

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