Nicolin : « Ne pas être vulgaire et trash »

Raconter des anecdotes glanées pendant cinq années à la direction artistique d’un studio de production de films X sans jamais sombrer dans le graveleux, tel est le pari réussi par Nicolin. « Mes années les plus hard » est avant tout un album d’humour à ne toutefois pas mettre entre toutes les mains.

Comme vous le racontez dans la première planche, l’idée de cet album est venue de votre éditeur. C’est surprenant que vous n’y ayez pas pensé avant, non ?
Nicolin. Pour être honnête, pendant mes années les plus hard quand je bossais dans le studio pour adultes, j’avais proposé une BD à mon éditeur afin de faire parler de la chaîne. J’avais fait des planches beaucoup plus trash et pornographiques qui ne lui avaient pas plu. Avec du recul, c’est vrai que c’était moins drôle et moins représentatif de mon humour et de mon style. J’ai toujours était un peu borderline en racontant des blagues de cul, mais c’est super important pour moi de ne pas être vulgaire et trash.



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Est-ce que cet album est quelque part un moyen de répondre une fois pour toutes aux questions de vos copains ?
N.
En quelque sorte (sourire). C’est surtout un album d’humour. C’est sûr que ce boulot attise la curiosité, mais je voulais montrer l’envers du décor sous forme humoristique et expliquer aux gens que ce n’est pas forcément un métier de rêve. Même si, bien sûr, j’ai passé de bons moments, il y en a eu aussi de moins amusants et je trouve toujours plus drôle de raconter ce qui met un personnage dans des mauvaises situations. On va beaucoup plus rire d’un loser que d’un super héros ! Et j’aime bien les personnages de losers, ils sont plus touchants.



Est-ce plus facile de faire rire avec des histoires de sexe ?
. Si on dit toujours que c’est effectivement plus facile de faire rire avec des histoires de sexe, c’est que ça doit être vrai ! Je pense avoir fait rire sans histoires de sexe, mais dois reconnaître que souvent mes blagues en dehors de cet album tournent toujours un peu autour des fesses ! Je bosse cependant en ce moment sur un projet sans histoire de cul, car j’aimerais un peu sortir de ça ! Je ne veux pas être catalogué uniquement dans ce registre.

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Est-ce difficile de le faire sans tomber dans le graveleux ?
N. Pour ma part, je n’ai pas trouvé cela difficile ! Je voulais que, si par mégarde, un enfant ouvre mon album, il ne soit pas choqué ! C’est important pour moi.



Est-ce aussi votre trait humoristique qui permet justement de ne jamais être vulgaire ?
N. Oui. Mon style un peu cartoon apporte en effet une touche humoristique et permet de rendre le tout plus comique que vulgaire ! Je pense sincèrement qu’avec mon style de dessin, je pourrais faire du vulgaire, mais cela ne m’intéresse pas.

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On imagine vite que certaines planches sont de pures inventions. Il était important de laisser planer un doute entre fiction et réalité ?
N. Dans chacune de mes planches, il y a une part de vérité qui m’a permis de construire un gag autour. Bien sûr que je les ai arrangées pour que cela fonctionne en BD, mais le ressenti du personnage est très proche de la réalité à chaque fois.



Certaines planches peuvent paraître dénoncer l’image bestiale véhiculée par le porno. C’était le but ?
N. Non, c’était surtout pour faire un gag sur le parallèle fiction/réalité. Effectivement, tout ce que l’on voit dans les films porno ne convient pas forcément avec certaines partenaires dans la réalité. Le porno est avant tout un divertissement pour adultes et il n’est pas là pour éduquer les gens.



Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« Mes années les plus hard » par Nicolin. Fluide Glacial. 10,95 euros.

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