Jack Manini : « Un récit de genre »

Passionné de sports de combat, Jack Manini livre un récit original sur une discipline assez méconnue du grand public : le MMA. Efficace dans l’octogone, le héros de « Total combat » doit aussi affronter une histoire familiale compliquée.

Vous êtes passionné par les sports de combat depuis votre enfance. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour écrire sur le sujet?
Jack Manini.
Parce que je voulais une histoire contemporaine et que cela me faisait sortir de ma zone de confort graphique qui est plutôt le XIXe et le début du XXème siècle. Mais la thématique m’a poussé à faire le grand saut et je me suis vite pris au jeu. Concernant le MMA, les compétitions en France sont autorisées depuis cette année seulement. C’était préférable de coller à l’évènement même si le Covid-19 a empêché pas mal de belles rencontres.

Votre héros se retrouve très vite en haut de l’affiche. Est-ce une astuce scénaristique pour accélérer le récit ou une ascension tout à fait crédible dans ce sport?
J.M.
Il est entre les mains d’un manager un peu diabolique avec qui tout devient possible, une sorte de Don King puissance dix (manager emblématique et sulfureux des années 90) ! Et puis comme tout va vite dans un combat de MMA, le rythme de la BD devait suivre le tempo !

Est-ce que le milieu du MMA est différent des autres sports de combat?
J.M.
C’est un sport tout neuf avec déjà une belle histoire ancestrale, celle des précurseurs du MMA et de la famille Gracie que je relate dans le cahier thématique. C’est un sport basé sur l’efficacité, un mixte de tous les arts martiaux. Ce sont des athlètes complets avec des percussions debout qui continuent au sol, des strangulations, un mélange de techniques et de contrôles. Ces combattants de haut niveau bénéficient de tout un staff de préparateurs mentaux et physiques. L’itinéraire d’un boxeur solitaire comme Rocky devient difficilement envisageable de nos jours.

Quelles difficultés avez-vous rencontré pour dessiner les combats?
J.M.
Ce n’est pas facile de synthétiser chaque round en quelques cases tout en essayant d’être efficace et le plus spectaculaire possible. Il y a le choix du moment où le coup est porté, de préférence lorsque le mouvement s’achève, l’angle, le cadrage et la possibilité de jouer avec le grillage de la cage octogonale, devant ou derrière les combattants pour créer de l’espace. Le style de mon dessin est un peu plus comics pour « Total combat », les Américains étant en général plus efficaces pour les récits d’action. Mais l’important est narratif, derrière chaque confrontation, il doit y avoir un enjeu plus important que le simple fait de gagner le combat !

Vous optez souvent pour un découpage avec des lignes diagonales. Est-ce pour rappeler la cage octogonale du MMA?
J.M.
Pour les scènes de combat, un gaufrier trop traditionnel risquait d’emprisonner l’action. Les diagonales et les cases éclatées permettent, je pense, de la libérer.

Même s’il se déroule dans le monde du MMA, « Total Combat » raconte avant tout l’histoire de Jimmy avec ses drames et ses zones d’ombre. On devine que vous avez cherché à vous éloigner des clichés habituels?
J.M.
C’est un récit de genre, comme les Rocky ou autres films de boxe. Il y a donc des passages obligés, mais aussi des possibilités de contourner certains poncifs. Mon histoire commence de manière traditionnelle avec deux copains rivaux sur le ring et amoureux de la même fille. Mais très vite, le récit de « boxe » est parasité par la vraie vie, et le héros Jimmy devra faire face à des problèmes encore plus périlleux et complexes que dans l’octogone ! Il va devoir faire face à la maladie, la pauvreté et surtout son histoire familiale plus que compliquée. D’où le titre, « Total combat »!

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

« Total combat – Tome 1. Round 1 » par Jack Manini. Grand Angle. 14,90 euros.

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