Laval NG: « Designer mon propre monde »

Sur un scénario malin de Philippe Pelaez, des colons humains découvrent une nouvelle planète qui n’est autre qu’une réalité alternative de la Terre, avec « Alter », Laval NG offre une mise en scène dynamique dans un décor post-apocalyptique.

Dans cette histoire écrite par Philippe Pelaez, il est question d’une planète en sursis après une guerre nucléaire et l’épuisement des ressources naturelles. La dimension politique de cette histoire était intéressante ?
Laval NG. On s’était rencontré lors d’un festival à l’île de la Réunion. Il m’avait parlé d’un projet de science-fiction. Quelques semaines plus tard, il m’a envoyé le scénario par e-mail. J’aime bien quand cela ne fait pas trop fiction, que l’on peut retrouver un peu du réel et des questionnements contemporains.

Quelle technique avez-vous utilisé ?
L.NG. J’ai commencé les premières pages avec un encrage très léger, beaucoup de crayonnés, puis du lavis à l’encre de Chine. Je n’étais pas entièrement satisfait et j’ai ensuite refait un peu d’encrage.

Florent Daniel a réalisé ensuite un excellent travail de colorisation. Quels étaient vos consignes ?
L.NG. On a parlé un peu d’ambiance et de détails sur les costumes. Je voulais un côté très froid sur les premières planches. J’avais du mal à imaginer la suite des couleurs. Florent m’a donc proposé quelque chose, qui était plus intéressant que ce que je pouvais imaginer (sourire).

Pour montrer que les ennemis arrivent en grand nombre, vous les faites déborder de vos cases. Il est important de trouver des idées dans votre découpage ?
L.NG. J’aime beaucoup travailler sur les cases. Il y a d’ailleurs plus d’effets de ce style au début du livre. Ensuite, je me suis davantage concentré sur la mise en scène, qui devenait un peu plus compliqué. De toute façon, c’est l’idée qui prime avant tout. Ce que la planche doit faire ressentir. Des idées graphiques me viennent et j’essaie de ne pas trop m’éloigner du suspens.

L’une de vos cases peut rappeler « La planète des singes »…
L.NG. C’est un clin d’œil de Philippe. C’est amusant car j’aime beaucoup les clins d’œil. C’est une façon de rendre hommage aux grands films de science-fiction. Il y en d’autres dans l’album…

Pour un dessinateur, la science-fiction offre un terrain vierge…
L.NG. J’aime beaucoup designer mon propre monde. C’est vraiment amusant. Sauf qu’en même temps, l’histoire se déroule en 2082. Comme ce n’est pas si éloigné que cela de notre époque, je ne pouvais pas aller trop loin.

Quand on découvre les exosquelettes très légers de vos soldats, on se dit que vous avez cherché à être le plus crédible possible…
L.NG. J’essaie toujours de penser à cela. J’espère que ça marche.

Quand vous créez un nouveau monde comme sur cette série, est-ce que vous partez de zéro ou avez-vous des influences en tête ?
L.NG. Au départ, Philippe m’a envoyé quelques visuels dans des domaines comme le cinéma, l’illustration ou la bande dessinée. L’idée était de trouver ma propre voie sans trop m’inspirer d’autres œuvres. On ne peut pas toujours être original, mais j’essaie de ne pas refaire des dessins déjà vus. J’essaie autant que possible de proposer quelque chose d’autre. Je regarde donc beaucoup de documentations, pour justement ne pas les reproduire.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

« Alter, tome 1. Ceux qui partent » par Laval NG et Philippe Pelaez. Editions Drakoo. 19,90 euros.

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