Jean-Charles Gaudin : « Aux sources du Village français »

Téléspectateur assidu de la série télé « Un village français », Jean-Charles Gaudin signe le scénario d’une habile adaptation en bande dessinée. Sa trilogie s’intéresse en effet au passé des personnages à travers un préquel situé à l’aube de la Première Guerre mondiale

village-francais.jpgQui a eu l’idée de cette adaptation ?

Jean-Charles Gaudin. Le projet provient d’un appel d’offres. D’une volonté de France 3 de développer « Un village français » sur d’autres supports. Très vite, Soleil s’est positionné et l’idée de plonger Villeneuve dans la Première Guerre mondiale s’est imposée.



Comme téléspectateur, qu’est-ce qui vous plait dans « Un village français »?

J-C.G. J’ai regardé la série dès la diffusion de son premier épisode. D’emblée, j’ai apprécié l’écriture, la réalisation et l’interprétation. Il fallait aussi une bonne dose de culot aux producteurs pour se lancer dans une telle aventure. Le rythme et la description des personnages étaient très réussis. J’ai donc suivi saison après saison le développement d’ »Un village français ». On connaissait la réussite de Canal+ pour la création de séries télévisées, mais cette fois, c’était France 3 qui donnait le ton.

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Le préquel était la meilleure façon de prolonger la série ?

J-C.G. À mon sens, il n’y avait guère d’intérêt de répéter une série déjà écrite en plusieurs épisodes sur plusieurs saisons. Le fait de plonger les personnages et Villeneuve 25 ans plus tôt permettait de retourner aux sources, de découvrir qui étaient les héros de la série au temps de la Première Guerre mondiale.

L’idée est de pouvoir ainsi expliquer comment se sont construits certains personnages et mieux comprendre leurs réactions à partir de 1940 ?

J-C.G. Tout à fait ! Il existait un cahier psychologique de tous les personnages, mais leur passé restait dans l’ombre. Il fallait donc inventer un passé à l’ensemble des protagonistes ; brosser un développement qui nous conduirait à ce qu’ils sont en 1945.

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Les créateurs de la série vous ont donné carte blanche ?

J-C.G. Dès le départ, ils m’ont fait confiance. Je devais fournir le scénario aux auteurs et producteurs de la série via Soleil et France 3. Les validations sont arrivées les unes après les autres. Je pense que les planches reçues les ont rassurés. Cela dit, je crois que tout ce petit monde était plongé dans l’écriture des épisodes ultimes de la série télé. Il n’empêche, tout s’est déroulé à merveille. Il en est de même avec le tome 2 validé et en cours de dessin.



Il y a beaucoup de personnages dans la série. Est-ce que cela a été une aubaine ou au contraire un problème au moment de l’adapter en BD ?

J-C.G. Une aubaine et un souci ! Hériter de tels personnages est forcément une aubaine, mais il reste un travail important à faire. Il faut cerner chaque personnage, trouver les détails qui peuvent donner des indices sur son passé, « inventer » ses parents que l’on ne voit qu’en arrière-plan, trouver les ramifications, les liens d’amitié. Il faut aussi tisser toute une toile dont chaque tremblement a une incidence sur les habitants de Villeneuve. Mon trombinoscope s’est donc étoffé très vite.



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Il existe aussi une grande différence de rythme puisque la série télé peut se permettre de prendre davantage le temps d’installer ses personnages. Cette contrainte de pages a été un problème ?

J-C.G. C’est exactement ce que j’ai dit aux auteurs de la série. J’étais obligé de faire des raccourcis si je voulais rester dans le créneau de trois albums. Reste qu’à ce jour, on peut encore ajouter un ou deux albums. Ce serait l’idéal. En moyenne, un album correspond à un 45 minutes télé. Il fallait donc être concis tout en donnant de l’étoffe à chaque personnage. L’histoire doit avancer et le lecteur doit découvrir l’évolution des héros de la série. 


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Après la septième et dernière saison de la série télé prévue en 2016, vous pourriez envisager de prolonger la vie de ces personnages en BD ?

J-C.G. Pourquoi pas en effet ! Ce serait sans doute très intéressant. Reste à savoir si cela passionnerait les lecteurs. J’espère en tout cas qu’ils trouveront beaucoup de plaisir à vivre les moments de jeunesse des héros du « Village français ». Il reste encore pas mal de surprises à découvrir…

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« Un village français, tome 1. 1914 » par Jean-Charles Gaudin et Vladimir Aleksic. Soleil. 14,50 euros.

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