Isabelle Dethan : Mort sur le Nil

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Avec la sortie du tome 6 des « Terres d’Horus », Isabelle Dethan poursuit sa plongée au temps des pharaons. Un polar qui se double d’une découverte de la civilisation égyptienne.

En dépassant le cadre du simple polar historique, Isabelle Dethan emmène son lecteur dans un voyage réaliste au temps des pharaons. « Sur les terres d’Horus » ne se contente pas d’une intrigue aux multiples rebondissements, mais s’immisce aussi dans les sentiments de ses principaux protagonistes et offre une vision très humaine de la civilisation égyptienne.

Pourquoi une série sur l’Égypte ?

Isabelle Dethan : J’ai toujours été passionnée par les civilisations anciennes : romaines, grecques, étrusques, aztèques,… Dès qu’il y avait une ruine, cela m’intéressait. Le choix de l’Égypte s’est ensuite imposé, car je voulais dessiner une héroïne tout en proposant une histoire plausible sur un plan historique. En Grèce et à Rome, les femmes nobles n’avaient plus ou moins pas le droit de sortir. Elles étaient confinées dans les gynécées et cela n’aurait pas été crédible de les faire mener des enquêtes policières à travers le pays. En Égypte, c’est plus vraisemblable vu le statut de la femme qui est beaucoup plus libérée.

Cela nécessite un gros travail de recherches historiques ?

I.D : J’ai commencé à me renseigner deux ans avant de commencer la série. C’est un vrai plaisir. J’avais d’ailleurs demandé au Père Noël plusieurs livres sur l’Égypte. sur-les-terres-d_horus.jpgAu détour d’une lecture, je vais découvrir une anecdote sur un procès ou sur un vol mystérieux qui a été consigné sur des parchemins. À partir de là, mon imagination s’emballe et je peux commencer à concocter un nouveau scénario. Je corresponds également régulièrement avec un égyptologue qui me fournit tout ce dont j’ai besoin au niveau des hiéroglyphes par exemple. Car, comme dans mon autre série égyptienne, les hiéroglyphes veulent dire quelque chose.

Malgré votre riche documentation, vos albums ne souffrent pas d’un côté scolaire et pédagogique. C’est compliqué à éviter ?

I.D : Tant mieux si on apprend des choses sur l’Égypte ancienne en lisant mes albums. Mais, cela doit rester du divertissement. Je veux apporter du rêve et de l’évasion. L’idée de départ était de faire du polar avec des personnages complexes et psychologiquement intéressants. C’était alors un prétexte pour se promener à travers l’Égypte ou la Mésopotamie comme dans les deux derniers tomes. Il est essentiel de ne pas s’ennuyer et cette troisième aventure à Babylone m’a ainsi permis de dessiner quelque chose de différent et de changer d’atmosphère.

Vos dessins et vos couleurs semblent imprégnés du contexte historique…

I.D : Je travaille en couleurs directes avec de l’encre de couleur à l’eau rehaussée d’un peu de gouache. Ce n’est pas de l’aquarelle. Il y a une espèce de patine, des petites taches, des accidents. sur-les-terres-d_horus2.jpgCela donne des couleurs qui semblent chargées de plus de mémoire et permettent de mieux faire ressentir l’époque. Je suis allée en Égypte pour la première fois en 2000. En revenant, je me suis décidé à mettre un fond sur toutes les pages. Concrètement, avant de mettre les couleurs, je passe un fond ocre beige plus ou moins foncé.

Savez-vous déjà comment va évoluer et se terminer cette série ?

I.D : Avec le tome 7, nous retournons en Égypte avec de nouveaux rebondissements et de nouveaux personnages. Ce prochain diptyque devrait marquer la fin d’un cycle. Par la suite, il est probable que je continue la série, mais en sautant une génération. Je vais laisser Meresankh et le prince Ka vivre tranquillement et peut-être reprendre des aventures avec les enfants de Meresankh. Cela me permettra de changer un peu sans changer vraiment. L’Égypte reste une passion et je ne vois aucune raison de ne pas continuer.

Propos recueillis par Emmanuel LAFROGNE

«Sur les Terres d’Horus », tome 6. « Hori ou le courroux d’Istar » par Isabelle Dethan, Delcourt, 12,90 euros.

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