UNE AVENTURE DE PHILIBERT – Tome 2. C’est aujourd’hui dimanche

Des meurtres commis sur un parcours de golf, un chasseur de crocodiles en Louisiane et une vieille dame esseulée. Plus qu’un polar, un regard tout sauf optimiste posé sur une société qui ne sait pas quoi faire de ses vieux.

Des cadavres retrouvés avec un Louis d’or dans la bouche sur le terrain de golf autour de la maison de la mère de Philibert. Pour ce dernier, chargé de l’enquête avec son frère, l’affaire est d’autant plus singulière qu’elle rappelle d’autres meurtres qui ont eu lieu 19 ans plus tôt au fond d’un bayou de Louisiane.

Ne vous fiez pas entièrement au sujet, «C’est aujourd’hui dimanche» n’est pas un polar classique. Bien sûr il y a des meurtres, des enquêteurs, une arrestation et un rebondissement final, mais retrouver le coupable ne prendra guère que quelques planches.

L’album est surtout prétexte à brosser le portrait d’un personnage étonnant, celui de la mère de Philibert dont Mazan se délecte à nous faire découvrir le petit monde. Un univers fait de vieilles chansons françaises de l’entre-deux guerres et de petites manies comme celles de tout trier, tout étiqueter, des vieux journaux aux balles de golf qui traversent ses carreaux. A l’instar de Philibert on se moque un peu mais on pose aussi un regard attendri sur cette petite vieille maniaque qui vit dans le passé et qui nous rappelle qui une grand-mère, qui une vieille tante… Si son premier tome «Dans le cochon tout est bon» dénonçait la société de consommation et la malbouffe, ce 2e tome pose le problème de la vieillesse et de la place des personnes âgées dans notre société.

L’histoire joue sans cesse avec le temps, elle mêle le présent et les flash backs avec parfois des flash backs dans les flash backs. On ne s’y perd pas, en revanche la multiplication des bulles rend parfois la lecture un peu difficile, notamment lorsque les deux frères s’interrogent sur le premier meurtre et qu’en même temps Philibert nous raconte en voix off ce qu’il y avait avant le terrain de golf. Pour le reste, le récit est fluide porté par le dessin précis et expressif de Mazan et une mise en couleurs très réussie.

Delcourt

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