SMALL GODS – Tome 1. La main du mort

Un individu sur cent dispose d’un pouvoir psychique mais pour la plupart d’entre eux ce don est une malédiction. Trois histoires captivantes, mélange réussi d’action et d’introspection.

Dans un monde qui pourrait être le nôtre, 1% de la population possède des dons psychiques (télékinésie, prémonition, manipulation des esprits…) difficiles à concilier avec les lois sur le respect de la vie privée. Ces individus – les « psi » – doivent se déclarer aux autorités et certains corps de métiers, comme la police, leur sont interdits. A moins de passer entre les mailles du filet…

Jason Rand est un jeune scénariste américain qui concrétise avec « Small Gods » l’un de ses premiers projets comics. Découpé en trois parties, qui sont autant d’histoires complètes, l’album nous fait découvrir
deux « psi » évoluant dans l’univers sombre des malfrats et des ripoux: Robert Pope, un petit truand non fiché; et l’inspecteur Owen Young dont le don de prédiction – bien pratique pour lutter contre le crime – est connu par une poignée de collègues seulement. Tous les deux vont se retrouver dans les ennuis jusqu’au cou à cause de leur fameux pouvoir, ce qui les conduira à réfléchir sur eux-mêmes chacun à leur manière.

De ce point de vue, le premier chapitre est le meilleur. C’est là que Jason Rand a le mieux transcris le malaise permanent dans lequel vivent les psi. Dans cette histoire, l’inspecteur Owen se retrouve pris dans une spirale de problèmes et pour éviter de faire tomber ses amis avec lui, il doit faire des choix difficiles, contraires à ses propres convictions. Mélange subtile d’action et d’introspection, le récit est captivant.

Les chapitres suivants retombent dans le genre plus conventionnel du polar, avec encore plus d’action également. Conséquence, les personnages sont un peu moins étoffés, ils courent, flinguent et bastonnent dans tous les sens ce qui permet en passant d’admirer le travail tout en nuances de gris de Juan Ferreyra dans un style hyper-réaliste. Ses hommes aux muscles saillants et ses jeunes femmes à la plastique irréprochable sont bien rendus et les planches sont très dynamiques. Petit bémol toutefois dans le découpage un brin brouillon lorsque le dessinateur s’essaye à des successions de petites cases représentant qui un pneu, qui une balle de revolver, qui un pare-chocs…

De petites erreurs qui n’enlèvent en rien l’efficacité de cet album de 250 pages, dont un deuxième tome indépendant est d’ores et déjà envisagé. Avec son concept des psi immergés dans la population, Rand possède un formidable réservoir d’histoires qui mériteraient d’être étendues à d’autre thèmes que le polar.

Delcourt

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