SILLAGE – Tome 9. Infiltrations

Nävis infiltre un groupe d’activistes alter-universalistes sur le point de lancer une opération d’envergure. Elle est loin de se douter que son action va mettre en péril l’ensemble du Convoi et la bouleverser au plus haut point. Un 9e album que l’on découvre avec grand plaisir plus rythmé et plus profond que le précédent.

Après un tome 8 mi-figue mi-raisin (voir notre chronique) et par trop statique, les auteurs semblent avoir redonné un bon coup d’accélérateur à cette série à succès, déjà traduite en treize langues. Chargée par la Constituante d’infiltrer un groupuscule alter-universaliste et terroriste, Nävis est au dernier moment relevée de sa mission. Elle se fait quand même embaucher comme pilote et ce qu’elle va découvrir va la bouleverser…

Une Nävis à genoux devant une mare de sang, en pleurs et dont on lit la détresse dans ses yeux; des morceaux de vaisseaux flottant dans l’espace derrière elle. Le message de l’illustration de couverture est clair: il va y avoir de l’action et du tragique dans cet épisode… Morvan ne prend plus de gants avec son héroïne qui ne cesse de mûrir: oubliés les grandes amitiés et les bons sentiments des premiers tomes, oubliés les jeux de mots rigolos. Après avoir perdu ses illusions sur ses congénères dans le tome précédent, Nävis risque bien de perdre ici celles qui lui restent sur sa « patrie d’adoption », la Constituante.

Sur un rythme très enlevé, « Infiltrations » exploite à fond l’idéalisme et le caractère tête brûlée de la jeune fille dont l’indiscipline va provoquer une terrible catastrophe. Le propos est aussi celui de la violence aveugle et des atrocités commises au nom de la sureté de l’Etat. Une vision manichéenne du monde tient-elle la route? La fin justifie-t-elle les moyens, même les plus extrémistes? Ce sont quelques unes des questions que la lecture de cet album force à se poser. Graphiquement, Buchet continue de nous livrer des planches détaillées, une Nävis aux tenues enthousiasmantes et des E.T aux physiques toujours surprenants. A noter d’ailleurs, le personnage très intéressant de Kérhé-Dizzo – chef des activistes alter-universalistes et « méchante » de l’album – qui mériterait de revenir dans les prochaines aventures de notre héroïne.

Moins humoristique, plus sombre et plus complexe, ce tome 9 aura sans doute du mal à entrer dans la catégorie « Albums jeunesse 9/12 ans », contrairement au tome 8 primé lors du dernier festival d’Angoulême. Mais à nos yeux, il relance avec brio l’intérêt de la série.

Delcourt

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