SHIMON DE SAMARIE – Tome 1. Tu ne tueras point

Enquête en Palestine dans les premières années de l’ère chrétienne. Un scénario dépaysant malgré des personnages qu’on aimerait plus fouillés, plus vivants.

Deuxième série issue de Dédales, la nouvelle collection des Humanos dédiée au polar historique. Après la Russie du XVIIIe siècle (« Novikov »), nous sommes cette fois emmenés en Palestine au tout début de l’ère chrétienne. Juge au Sanhédrin de Jérusalem, Shimon de Samarie enquête sur la mort d’un homme découvert dans les décombres d’un temple un an après le séisme qui l’a endommagé. Simple victime du tremblement de terre ou cadavre enfoui par son meurtrier ?

Sur cette terre occupée par les Romains où se mêlent les cultures et les sectes de toutes sortes, la religion semble avoir un rôle important dans l’enquête qui implique notamment les Sicaires, juifs combattant l’occupation romaine par le crime. A croire d’ailleurs que le thème religieux est un point commun de la collection puisque « Novikov » mettait également en scène une congrégation religieuse secrète.

L’idée de prendre, pour toile de fond d’un polar, cette période de l’Histoire est intéressante d’autant que le scénariste Fred Le Berre retranscrit bien le contexte politico-historique. A travers Shimon de Samarie, samaritain de naissance mais instruit à Rome et donc partagé entre deux cultures, on perçoit bien le climat régnant sur la région dès cette époque.

Mais sur Shimon en revanche nous n’en saurons pas plus dans ce premier tome. Dans « Tu ne tueras point », les personnages sont en effet très peu voire pas du tout développés. C’est le cas notamment de Réouven, le jeune disciple de Shimon qui le suit partout et dont pourtant nous ne saurons rien dans cet album. Etrangement pourtant, à plusieurs reprises certaines expressions de son visage, certains gros plans, nous font penser qu’il cache quelque chose. Et à vrai dire, pendant tout l’album, on s’attend à ce qu’un retournement de situation vienne le mettre en cause d’une manière ou d’une autre. Rien de cela finalement. Dans ce premier tome du moins…

L’enquête avance donc tranquillement et logiquement, la fin prenant des petits airs d’Agatha Christie ou de Colombo – plutôt rigolo dans le contexte historique – avec l’explication du crime par A+B devant une assemblée réunie. On regrettera toutefois un découpage parfois un peu « pressé » qui voit le dialogue se poursuivre d’une case à l’autre alors que la scène a changé et que plusieurs minutes se sont écoulées entre les deux. Un exemple: un dialogue s’instaure entre Shimon et son disciple alors qu’ils arrivent en vue d’un village isolé. Réouven pose une question à laquelle Shimon répond dans la case suivante alors qu’ils sont déjà dans le village ! Cela choque un peu la lecture et c’est d’autant plus dommage que le travail de documentation de la part de Le Berre semble lui important. Des efforts qui se repèrent aussi dans le dessin de Michel Rouge: malgré certains aplats de couleur uniformes trop présents, les décors et les costumes sont généralement bien détaillés.

Deuxième album de Dédales, « Shimon de Samarie » confirme donc le bon départ pris par cette nouvelle collection.

Les Humanoïdes Associés

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