SANGSUES – Tome 1

Passant pour morte aux yeux de la société, Yoko vit chez les autres à leur insu. C’est une « sangsue ». Début fascinant d’une nouvelle série énigmatique.

Vous avez déjà eu l’impression étrange – sans savoir précisément pourquoi – que quelqu’un est entré chez vous pendant votre absence, que votre frigo se vide plus vite que prévu ou que certains de vos vêtements disparaissent mystérieusement? Pas de panique, vous avez sans doute affaire à une « sangsue ».

L’héroïne de « Sangsues », Yoko erre ainsi d’appartement en appartement au gré des absences des locataires. Dans les pas de cette jeune fille de 21 ans à l’apparence très ordinaire, ce premier tome nous plonge dans un univers fascinant, une sorte de société parallèle à la nôtre, invisible mais violente, les sangsues pouvant se livrer à de véritables guerres de territoire pour s’adjuger nos domiciles. Comment parviennent-elles à se créer d’impressionnants trousseaux de clé de logements? C’est le seul détail qui laisse un peu perplexe car, pour le reste, l’ambiance est aux petits oignons: des décors glauques, des noirs et blancs très contrastés, des cadrages propices au suspense et des rebondissements nombreux. Sensible aux problèmes de société du Japon actuel dont il fait le thème principal de ses mangas, Daisuke Imai ne raconte pas seulement une histoire de « guérilla » entre « sangsues », car la vie des « sangsues », c’est aussi dans la réalité l’histoire de la débrouille pour les immigrés clandestins, les sans-abri et tous ceux n’ayant plus aucune existence sociale, par choix ou par nécessité. C’est plus généralement encore l’histoire de l’anonymat inhérent à nos modes de vie dans des villes toujours plus tentaculaires.

Pour sa première oeuvre publiée en France (au Japon, la série est parue entre 2011 et 2013), le jeune Daisuke Imai réussit donc avec brio son arrivée dans l’Hexagone. Les quatre autres tomes de « Sangsues » paraîtront respectivement en août et en octobre 2015, en janvier et mars 2016.

Dessin et scénario: Daisuke Imai – Editeur: Casterman, collection Sakka – Prix: 7,95 euros.

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