RANGAKU – Tome 1. La cité sans nuit

Un chirurgien hollandais et un samouraï japonais réunis par une enquête sur un meurtre par décapitation. Un polar classique mais bien documenté sur le Japon du XVIIe siècle.

Nous sommes en 1641 et les Hollandais sont les seuls Européens à avoir un comptoir commercial au Japon. Dans ce pays hautement protectionniste et hostile à l’implantation du christianisme, le Dr Hendrik ven Effen parvient, avec l’aide d’un samouraï qui a une dette envers lui, à se rendre dans le quartier des plaisirs de Nagasaki. Mais la balade tourne au cauchemar lorsque les autorités locales l’accuse du meurtre d’un membre de la garde personnelle du gouverneur par décapitation.

La collection de polars historiques des Humanos nous emmène cette fois au Japon en pleine période du «Sakoku», la politique d’isolement national voulue par le shogun qui a conduit à l’expulsion des Espagnols et des Portugais et aux retrait des Anglais. Le titre de l’album, «Rangaku», signifie littéralement «connaissances hollandaises». Il s’agit de la méthode mise au point pendant le Sakoku pour que le Japon puisse se tenir au courant des avancées technologique occidentales en étudiant les traités médicaux et les autres documents en néerlandais.

Cette nouvelle série s’appuie sur le principe habituel: un crime odieux suivi d’une enquête policière classique dans un cadre historique exotique. C’est d’ailleurs surtout ce dernier point qui retient l’attention car si le scénario est bien construit, il ne s’éloigne pas des sentiers battus. Le fait que le shogun permette à Hendrik ven Effen d’enquêter pour prouver son innocence laisse également un peu sceptique. Comme on a du mal à croire que le médecin hollandais sache parfaitement parler le japonais sans rien connaître des coutumes du pays…

La raison est évidemment scénaristique: lorsque les traditions nippones sont expliquées au héros, le lecteur les découvre en même temps. Et ça aurait été vraiment dommage de ne pas en profiter car le travail documentaire des auteurs italiens est très appréciable. L’ambiance japonaise est bien là avec ses décors et ses costumes minutieusement détaillés, ses maisons de plaisirs et ses geishas, ses samouraïs et ses ninjas et des coutumes (le jin-on, l’onna kabuki…) dont on vous laisse découvrir la signification. Si Enoch est déjà connu en France pour sa série «Morgana» (avec Alberti aux Humanos aussi), ce n’est pas le cas de Di Vincenzo. Son trait réaliste est extrêmement classique mais irréprochable.

Un premier tome efficace donc, dont on connaîtra le dénouement dans le prochain.

Les Humanoïdes Associés

Share