QUI NE DIT MOT

Réveil en retard, voisins insupportables, embouteillages, le monde entier semble s’être lié contre John Siou. Une surprenante chronique délicieusement absurde et truffée de jeux de mots.

John est stressé: il est invité à rencontrer pour la première fois les parents de sa compagne en province. Après une soirée un peu tendue, pleine de quiproquos, il rentre seul à Paris. Mais ce n’est rien à côté de la journée qu’il s’apprête à vivre: changement d’heure, retard à un rendez-vous important, voisins envahissants, embouteillages monstres, ascenseur en panne, etc. C’est dans un tourbillon de scènes de plus en plus bizarres que « Qui ne dit mot » nous entraîne, nous laissant avec nos interrogations jusqu’au bout. John Siou est-il complètement fou ou bien est-il l’objet d’une vaste machination ? A lire le nom du scénariste, on aurait pourtant dû se douter qu’on n’aurait pas affaire à une histoire des plus classiques…

Car pour sa première incursion dans l’univers de la bande dessinée, Stéphane de Groodt – chroniqueur radio et TV et auteur des chroniques « Voyages en Absurdie » – fait ici ce qu’il sait faire de mieux : faire de l’humour absurde en ne cessant de jongler avec les mots. Prévu au départ pour être un court-métrage, le scénario de l’album rappelle ce théâtre de boulevard où les quiproquos s’enchaînent, les portes claquent, les protagonistes rentrent et sortent en permanence en s’agitant en tous sens. Connu pour ses bandes dessinées muettes réussies (« Match », « Un océan d’Amour »), Gregory Panaccione signe une nouvelle fois des planches d’une grande expressivité avec un personnage central à l’air complètement déboussolé.

C’est léger et décalé, les jeux de mots qui rappellent Desproges fonctionnent vraiment bien et si l’on est un peu décontenancé au début, on se prend très vite au jeu. Cerise sur le gâteau, l’histoire retombe parfaitement sur ses pattes à la fin.

Dessinateur: Grégory Panaccione – Scénariste: Stéphane de Groodt – Editeur: Delcourt, collection Mirages – Prix: 17,95 euros.

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