QUARTIER M – Tome 1. Fêlures

Le destin de deux adolescents vivant dans un quartier dévoré par l’amnésie collective. Un graphisme d’inspiration manga trop ado pour un scénario néanmoins encourageant.

Un bien étrange endroit que ce quartier M, une immense zone urbaine où des immeubles disparaissent sans crier gare et où les adultes sont progressivement frappés d’amnésie. Maël et Mog, deux ados qui n’ont jamais quitté les murs du secteur, sont amis depuis longtemps. Mais une série d’événements va les séparer: pour échapper aux coups de son père, Mog doit fuguer. Quant à Maël, poursuivi par une bande de loubards, il décide de fuir le quartier.

Premier volet d’un triptyque d’anticipation et premier album signé de jeunes auteurs, « Quartier M » ne cache pas ses influences nippones par des personnages qu’on dirait sortis d’un manga. Le découpage n’a certes pas encore le dynamisme de son grand-frère japonais mais le style général est bien là. Contrairement aux mangas cependant, Benjo et Zano ont délaissé le noir et blanc pour une colorisation trop artificielle et bien trop lisse. Par ailleurs, les 48 pages de l’album se lisent vite, les cases étant grandes et les dialogues plutôt réduits. En fait, visuellement, « Quartier M » attirera sans doute davantage les jeunes lecteurs.

L’histoire elle a un peu de mal à choisir son camp. D’un côté, le rêve de nos deux ados – rencontrer Doge, un héros de feuilletons TV et de boîtes de céréales – aura un peu de mal à convaincre le lectorat adulte. De l’autre, le flou entretenu sur le scénario dans ce premier tome risque de rebuter les plus jeunes.

Le postulat de base est en tout cas intrigant: pourquoi et comment les immeubles disparaissent-ils les uns après les autres? Quel est donc ce mal qui frappe les adultes et laisse les enfants livrer à eux-mêmes? Qui a-t-il hors du Quartier M? Ce tome d’exposition, qui fait surgir beaucoup de questions sans donner de réponses, nous rappelle par la même occasion que la mémoire et le passé sont le ciment de la cohésion sociale, un ensemble qui permet à une société de durer.

– Dupuis