PUTAIN DE GUERRE !

Le quotidien du Poilu et le meilleur de l’homme comme le pire. Terrifiant.

Deux tomes pour raconter ce que les Poilus ne disaient pas. Tardi et Verney évoquent la « Putain de guerre » chez Casterman. La boucherie de 14-18 dans tous ses détails. La mort à toutes les pages, les larmes des hommes qui crèvent dans toutes les bulles.

Ils redessinent en traits ou en mots les lignes de l’enfer, à Verdun ou ailleurs. Rien n’est épargné: ni cruauté, ni chairs déchiquetées. Dans ce monde d’horreur, le salaud donne l’ordre absurde, le plus humain épargne « le boche », ce frère d’en face, embarqué, comme lui, dans cette galère, un jour du « bel été 14 ».

Le guide du récit est un Parisien perdu dans la boue, un illustre inconnu, notre arrière-grand-père peut-être. Comme si c’était lui qui parlait de ces cadavres sans bras, de ces yeux qui trainent sous les barbelés. Pas plus veinard que bien des autres, il y laissera une partie de son corps et manquera de peu de plonger dans les ténèbres sociales des « Gueules cassées ».

C’est bien écrit, remarquablement rendu par le dessin. Réaliste, trop parfois, et l’on voudrait sortir de leurs trous à rats tous ces soldats épuisés, dégoûtés, désespérés.

Contenue dans les mémoires collectives, la « Der des Der » ressort remarquablement noire de l’encre de Verney, même pas allégée par la plume de Tardi.

Benoît Caurette

Casterman

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