NANA – Tome 2

Un shojo manga moderne parfois drôle, parfois triste. Très agréable.

Nana. Un seul prénom pour deux jeunes filles de 20 ans que tout semble opposer. Nana Komatsu est rêveuse, désinvolte et plutôt cœur d’artichaut. Nana Ôsaki, plus mature et solitaire arbore un look rebelle. Toutes les deux se rencontrent dans le train pour Tokyo. L’une compte rejoindre son petit-ami étudiant, l’autre son ex musicien. Elles se retrouvent quelques jours plus tard, visitant le même appartement et décident de le partager. C’est le début de la cohabitation.

Si comme dans tout shôjo manga (un manga écrit par une fille pour des filles) qui se respecte, les décors sont quasi inexistants et remplacés par des petites fleurs, des étoiles ou des boules lumineuses, le graphisme des personnages est très original. Les visages, très expressifs, sont plus réalistes que dans la plupart des mangas dont nous avons l’habitude. Les corps tout en longueur sont exagérement élancés et minces. Ai Yazawa attache aussi une grande importance à leur look et ce jusque dans les moindres détails: barrettes, bagues, boucles d’oreilles, tout est minutieusement étudié. Véritable fashion victim, Nana Komatsu arbore un style un peu baba selon les dernières tendances de Shibuya, le quartier à la mode de Tokyo. De son côté, Nana Ôsaki nous emmène dans l’univers de Vivienne Westwood, en pleine période punk des années 80. .
« Nana » est d’ailleurs un shôjo un peu plus mûr que d’autres titres sur le marché. Les jeunes filles boivent de la bière et elles ont une sexualité. Elles en parlent librement et les scènes d’amour à défaut d’être montrées sont suggérées. Les jeunes héroïnes sont assez éloignées des stéréotypes habituels, leur caractère n’est ni tout blanc ni tout noir: Nana Komatsu n’est pas qu’une gamine superficielle, elle est consciente de ses défauts. Et si elle garde un côté enfantin dans ses réactions, on sent qu’elle s’analyse, bref qu’elle mûrit. Nana Ôsaki qui semble forte et déterminée cache elle une grande sensibilité et est capable de craquer et de pleurer.

Mais le manga nous permet surtout de pénétrer dans le quotidien de jeunes Japonais: le travail, les études, la musique, le besoin d’argent, les difficultés de se loger. A noter qu’un petit lexique figure en fin de volume qui permet de se familiariser avec les habitudes et coutumes nippones. Les préoccupations des personnages en train de quitter l’adolescence pour l’âge adulte sont tout à fait crédibles. Crédibles aussi les dialogues qui restent simples – teintés d’humour aussi – et évitent le style « gnangnan » ou guimauve. Ai Yazawa prend quelques libertés avec le cadrage mais cela ne pose pas de problème: le récit est fluide, il s’enchaîne logiquement sans difficulté de lecture.

« Nana » est donc une bonne surprise. Parfois drôle, parfois triste, parfois tendre, il est toujours touchant.

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